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Ce que le retard pris dans la lutte contre le chômage au cours des ces dernières années a coûté à la France
©Reuters

Signes encourageants

L'INSEE a publié ses statistiques sur le chômage en France. Il a retrouvé son niveau de 2012 à 9,5%. Ces chiffres s'accompagnent d'une reprise de la croissance qui a permis la création de plus de 90 000 nouveaux postes dans le secteur marchand. L'Allemangne et le Royaume uni font mieux cependant avec une situation de quasi plein emploi.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Ce 17 août, l'INSEE a annoncé la poursuite de la décrue du chômage pour le 2e trimestre 2017, la France affichant un taux de 9.5%, soit son niveau de 2012. Comment interpréter un tel chiffre au regard des exemples étrangers ? Comment expliquer que la chiffre français soit le même qu'en 2012 alors que dans le même temps, des pays aussi divers que le Royaume Uni, les Etats Unis, l'Allemagne ou le Japon sont parvenus à le faire baisser drastiquement ?

Philippe Crevel : Au deuxième trimestre 2017, en France métropolitaine, le taux de chômage s'est abaissé à 9,5 % en recul de 0,1 point par rapport au 1er trimestre 2016. Cette amélioration est imputable à l'augmentation des créations d'emploi générées par le surcroît de croissance. Au cours du 2e  trimestre 2017, le nombre de créations dans le secteur marchand a, en effet, atteint  91 700 en net après 57 700 au 1er trimestre. Sur un an, l'emploi salarié privé s''est accru de 291 900. La France suit le mouvement de ses voisins avec un certain retard. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont en situation de plein emploi depuis plus d’un an avec des taux respectifs de chômage de 3,8 et 4,4%. Aux Pays-Bas, le taux de chômage est également revenu en-dessous de 5 %. Par ailleurs, en Europe, il faut souligne que celui de la République tchèque est inférieur désormais à 3 %. Aux Etats-Unis, le taux de chômage varie depuis des mois entre 4,5 et 4,7 % quand les Japonais aimeraient pour accroître la concurrence pouvoir avoir un chômage supérieur à 3 %.

La France est en retard du fait d’un mauvais pilotage de la politique économique après les crises de 2008 et de 2011. La France a pour atténuer les effets de ses crises d’augmenter les dépenses publiques de fonctionnement. Il en a résulté un déficit public important. Les pouvoirs publics n’ont décidé réellement à assainir les comptes publics à partir de 2011 en optant pour une augmentation des prélèvements obligatoires. Cette saignée qui a porté sur plus de 70 milliards d’euros a provoqué une longue stagnation de l’économie entre 2012 et 2015. Cette stagnation s’est accompagnée d’une forte augmentation du chômage qui s’est surajouté à celui issu de la crise de 2008. Nos partenaires ont réussi à mieux maîtriser leurs finances publiques et a redémarré plus rapidement leur économie.

Par ailleurs, la France a été pénalisée par la fragilisation de notre outil productif surchargé de prélèvements en tout genre. La dégradation de notre solde commerciale en a été un des signes. Du fait également d’un sous-investissement chronique, les entreprises françaises éprouvent des difficultés à répondre à la demande de l’économie mondiale.

Quel est le coût d'un tel retard pour l'économie française ?  Comment évaluer le coût du temps perdu au cours de ces 5 voire, 10 dernières années dans le traitement du chômage ?

La France a raté le coche en augmentant ses dépenses publiques de fonctionnement au cœur de la crise au détriment de l’investissement. Les dépenses de fonctionnement sont par nature difficiles à réduire. Pour assainir ses comptes publics, la France a privilégié la hausse des prélèvements et non les économies budgétaires. François Hollande a perdu deux ans en pratiquant, entre 2012 et 2014 une politique anti-entreprise. Il a fallu attendre le CICE et le pacte de responsabilité pour la mise en place d’un politique plus favorable à l’offre. L’augmentation des charges sociales (cotisations retraite notamment), le compte de pénibilité et le niveau élevé de l’impôt sur les sociétés ont pénalisé les entreprises françaises au moment où nos partenaires développaient des politiques pro-offres. La France a accumulé du retard en matière d’investissement et a subi une perte notoire de compétitivité qui s’est traduite par une dégradation de nos comptes extérieurs.

Au regard des dernières projections que peut on attendre de l'évolution des chiffres du chômage au cours des prochains mois ?

Grâce à une croissance qui pourrait atteindre sur l’année 1,8 %, le taux de chômage devrait poursuivre sa baisse dans les prochains mois pour atteindre 9 % au début de 2018. Cela nous placera encore loin des bons élèves européens. Malgré un très bon niveau de créations d’emploi, la baisse du chômage sera contrariée par la fin de nombreux contrats aidés qui s’élèvent à plus de 1,5 million. Il en sera de même avec la fin du programme exceptionnel de formation des demandeurs d’emploi engagé par le précédent Président de la République. En outre, l’amélioration de la situation conjoncturelle devrait amener des personnes qui avaient, ces derniers temps, renoncé à chercher un emploi, à se remettre sur le marché du travail. Pourrait jouer positivement la progression des départs à la retraite. Ce sont les larges générations nées entre 1950 et 1955 qui liquident leurs droits à la retraite. Chaque année, plus de 700 000 personnes partent à la retraite quand entrent sur le marché du travail des jeunes nées entre 1990 et 1997. Les générations de la première partie des années 90 sont assez faibles, une remontée étant constatée à proximité du changement de siècle (le nombre de naissances a dépassé 800 000 en 2000). Avec un solde migratoire qui s’étiole depuis plusieurs années (inférieur à 100 000), la situation démographique peut apparaître à première vue favorable. En effet, une population active qui croît moins vite, signifie également moins de croissance car moins de demande intérieure.

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