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Bourses mondiales : le protectionnisme agité par Trump et les ennuis de Facebook ont cassé le moral des marchés. Pour combien de temps ?
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Les marchés financiers commencent à s’inquiéter sérieusement de la pression qui touche la Tech, et Facebook en particulier. Le tout sur fond de risque de plus en plus probable de guerre commerciale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La bourse américaine est entrée dans sa deuxième semaine de fragilité et de baisse. Baisse sérieuse qui entraine l’ensemble des marchés financiers du monde et qui survient après ce mini krach spectaculaire de février.

Alors pour l’instant, cette baisse n’est pas catastrophique, certes, mais elle raisonne comme un sérieux avertissement pour l’avenir. Du coup, beaucoup d’investisseurs se demandent si l’heure n’est pas venue de prendre leurs bénéfices après plus de 5 années de reprises sans interruption, autrement dit de vendre. Depuis le début de l’année, le CAC a fait -4% et le S&P -3,2%. Mais c’est au Japon et à Londres que les baisses sont les plus prononcées avec -9,5% pour le Nikkei et -9,9% pour Londres.

Les analystes expliquent leur extrême prudence depuis une semaine par deux séries de facteurs très sérieux qui pourraient servir de catalyseur à un retournement général des marchés.

La 1ère série de facteurs porte sur la crise de confiance qui touchent les GAFA et l’ensemble de la Tech mondiale.

Et plus particulièrement l’affaire qui a éclaté ces derniers jours et qui touche Facebook. L’affaire Cambridge Analytica, ce sont 50 millions de comptes dont les données ont été récupérées illégalement par cette société partenaire de Facebook et spécialisée dans l’analyse de données, qui a notamment eu pour client Donald Trump. Facebook n’est donc pas inviolable, et c’est toute la confiance autour des géants du digital qui s’est effritée en quelques jours. Car si la firme de Mark Zuckerberg affichait une santé opulente ces derniers mois, et des chiffres d’affaires record, tout réseau social repose sur la confiance des utilisateurs, c’est elle qui augmente la fréquentation et qui entraîne les publicités.

L’heure est grave pour Facebook, qui fait déjà l’objet d’un boycott #deletefacebook, repris par d’autres personnalités de la tech à l’instat d’Elon Musk.

En bourse, malgré les appels à la confiance des dirigeants, ça dégringole aussi pour l’action qui a perdu plus de 16 %. Du coup, toutes les grandes entreprises de la Tech sont touchées, alors qu’elles étaient l’un des principaux moteurs de Wall Street. En dix jours, les GAFA ont perdu plus de 316 milliards de dollars en valorisation boursière.

La question est de savoir s’il ne s’agit que d’une simple correction ou si c’est le début d’une véritable crise de confiance dans la capacité des entreprises technologiques à sécuriser leur développement et à délivrer les promesses faites. Les experts les plus sérieux ne croient pas à une crise durable dans les nouvelles technologies ; les gains de productivité engendrés par cette industrie sont trop importants. Le problème est que nous sommes arrivés au moment où il va falloir donner des garanties sur la capacité de développement de ces industries dans un climat de transparence et d’éthique. Cela va passer par une implication des Etats et une réglementation plus sévère. L’accident Facebook, c’est à dire le détournement de données à des fins politiques, a fait peur à tout le monde, y compris aux principaux acteurs de la technologie. Il devrait être à l’origine d’un sursaut.

2ème série de facteurs : les risques d’une guerre commerciale que Donald Trump menace de déclencher. Les marchés financiers n’aiment pas les mesures protectionnistes parce qu’elles sont en général mortifères pour la croissance. Or, Donald Trump n‘arrête pas de proférer ce type de menaces à l‘adresse du monde entier et en particulier à l’encontre de la Chine. Du coup, la Chine a commencé à prendre très au sérieux l’hypothèse d’une guerre commerciale en établissant la liste des produits fabriqués en Chine et dont elle pourrait taxer l’exportation.

Personne n’a intérêt à déclencher une guerre commerciale. D’abord, parce que les échanges commerciaux sont très nombreux et seraient très complexes à dénouer. Ensuite, parce que la Chine a besoin des débouchés occidentaux, et l’Occident a besoin de ces pays comme débouchés pour leurs produits de grande consommation. En attendant, les menaces de Donald Trump peuvent déclencher des répliques de la Chine et cet échange peut parfaitement provoquer un ralentissement de la croissance mondiale.

C’est ce que les marchés prévoient et préparent. D’où la semaine difficile vécue sur les marchés américains qui pourraient annoncer l’aggravation de la correction à la baisse et dans ce cas, qui pourrait contaminer l’ensemble des marchés financiers. La mécanique protectionniste lancée par Donald Trump pourrait déclencher une véritable escalade de représailles. Et c’est bien la forme que prend cette guerre commerciale qui inquiète les marchés, plutôt que le fond. Les analystes d’UBS ont en effet estimé que les menaces de protectionnisme proférées par Donald Trump concerneraient moins de 2% des importations américaines. Et les spécialistes les plus sérieux considèrent que Donald Trump ne passera pas à l’acte. Le président américain est un maitre de la négociation. Il menace, il montre les muscles, mais il ne déclenchera pas la guerre commerciale. C’est du moins l’analyse faite par les experts internationaux.

Sur les marchés, on le sait déjà. 2018 ne sera pas aussi fructueuse que 2017. Si le consensus des analystes porte sur une tendance haussière, parce que les chiffres de la croissance sont bons partout dans le monde malgré tout, la plupart pense que certains secteurs, certaines valeurs, seront particulièrement perturbés. Certains vont perdre beaucoup plus que d’autres.

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