Au pied du sapin des entrepreneurs, les petits souliers resteront vides<!-- --> | Atlantico.fr
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L’année 2015 ne va pas apporter aux entrepreneurs et PME ce qu’ils auraient pu être en droit d’en attendre.
L’année 2015 ne va pas apporter aux entrepreneurs et PME ce qu’ils auraient pu être en droit d’en attendre.
©Reuters

Pas à la fête

Malgré beaucoup d'effets d'annonce, 2014 aura été une année bien morne pour les entrepreneurs, Et n'espérerez pas que 2015 soit d'un meilleur acabit.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Le 25 décembre, au matin les entrepreneurs se réveilleront et chercheront dans leur soulier le cadeau qui faisait défaut à l’année 2014. Et ils ne trouveront pas ! L’année 2015 ne va pas apporter aux entrepreneurs et PME ce qu’ils auraient pu être en droit d’en attendre.

Mais attendons nous encore quelque chose des politiques? A quoi ressemble l’environnement dans lequel nous vivons chaque jour ? Pouvons nous compter sur un réchauffement climatique, qui donnerait un peu de chaleur à l’envie de réussir en France ? Est il possible que ceux qui nous gouvernent passent un jour à l’âge adulte et fassent passer l’intérêt du pays devant les calculs politiques ? Est il possible que le bon sens remplace le principe de précaution ? Aurons nous encore fin 2015 quelques boules sur le sapin ou devons nous nous les accrocher sur le corps et arrêter de respirer pour avoir l’air « végétal » ?

Petit inventaire des cadeaux que nous n’avons pas eu et prédiction sur ceux que nous n’aurons pas ou des cadeaux empoisonnés que l’on s’apprête à nous faire. Les fins d’année sont propices au « Best Off », je crains que nous devions parler de « Worst Off ».

Une année de mue économique manquée.

Tout a été essayé. Pendant que la plupart des conseillers et ministres, à peine nommés nous expliquaient leur phobie fiscale, la nôtre était mise à rude épreuve. Tous ont fait leur petite tentative de rabot, y compris la députée du même nom.

L’une des deux passionaria, avec Karine Berger, d’un nouveau radicalisme anti-entreprise, car elles pensent sincèrement que nous sommes des fraudeurs en puissance, des autocrates qui exècrent la démocratie participative et le dialogue social. Nous entrepreneurs sommes coupables. De tout. Et du reste. Heureusement les mois passés ont prouvé que la vertu nous gouvernait et qu’elle est là pour rétablir l’équilibre !

Au total, on aura tenté de fiscaliser socialement les dividendes des entreprises, de revenir en partie sur la fiscalité des plus-values arrachée de haute lutte pendant que nous avons fait les pigeons.

On aura tenté de changer les règles du crédit d’impôt recherche. A l’heure de la simplification, pour le rendre plus……complexe.

On aura tué l’envie des Français qui sont dans le besoin en interdisant UBER POP, usine à amélioration des fins de mois pour les plus modestes des français. Au nom du corporatisme qu’on tente pourtant de canaliser par la Loi Macron.

La loi Hamon aura tenté de mettre en place une usine à gaz destinée à asphyxier les cédants d’entreprise.

La hausse des cotisation et la baisse de divers plafonds a provoqué la chute officielle du travail à domicile déclaré pour alimenter les caisses du non officiel. Alors que toutes les fédérations en avaient avertis les officiels, chiffres à l’appui. Notamment Maxime Aiach d’Acadomia et patron de la FESP.

Mais le pompon reste quand même cette illusion magnifique, ce mirage digne de Houdini, qu’aura été le pas de danse raté entre le gouvernement et le MEDEF. Cette danse ridicule, inventée dans un moment d’extase certainement lié à la consommation de substances hallucinogènes, ou des grands vins de la République, par deux danseurs qui depuis, se marchent sur les pieds, en s’accusant mutuellement d’être responsable du spectacle pitoyable ainsi donné à la France.

Un système complexe, étalé sur 3 ans, qui peut au mieux mettre une paille dans la gorge de l’asphyxié afin de lui donner quelques heures de respiration supplémentaire, avant une mort certaine (65 000 liquidation d’entreprises cette année, un record absolu) tout en accusant le mort de ne pas créer d’emplois avec une économie à peine capable de payer la moitié des salaires d’un mois de salaire !

En clair, pour un système qui vous paie la moitié de vos charges pendant 1 mois, il faudrait, sans croissance, ni chiffre d’affaire créer des emplois. Abracadabra !!

Il est vrai qu’un entrepreneur c’est "débile". Pour lui refuser des baisses durables, que préconisait l’un des rares hommes sensés dans ce pays, Louis Gallois, et qui seules pouvaient permettre d’envisager, que progressivement on puisse créer des emplois dans ce pays, on a inventé un placebo nommé le CICE, qui ne change, ni ne changera rien à la vie de nos entreprises. Mais le politique est malin. Il fait de belles aditions, qu’il lâche à la presse, qui de concert avec les armées de la « gauche gauchiste », s’offusque que nous soyons incapables de renvoyer l’ascenseur en créant des milliers d’emplois, contre ces sommes, qui ramenées à l’entreprise, représentent ce que chacun d’entre nous donne au mendiant qui dort au pied de nos immeubles.

Maintenant je comprends pourquoi les politiques de gauche s’offusquent ainsi. Avant de les connaître, je ne parvenais pas à comprendre leur réaction, tant il était évident que les mesures qu’ils prenaient étaient, en termes édulcorés, l’équivalent "d’uriner dans un violon". Mais maintenant, je sais !! Ils ne comprennent pas pour une raison simple : Dans leur monde, un emploi n’obéit pas aux lois de l’économie.

Chiffre d’affaire ou pas. Moyens ou pas. On embauche, en creusant la dette de chacun, au mépris de toutes les règles élémentaires, car dans leur monde à eux, l’emploi est un moyen d’acheter les voix, de s’acheter une réélection sur le dos des générations futures. Peu importe que l’emploi soit non productif, voire totalement inutile. Il leur est utile et si on a pas l’activité ou l’argent, on l’invente. Cela s’appelle la dette.

C’est ainsi que les collectivités et les hôpitaux ont doublé leurs recrutements en 2014. En clair, ils ont embauchés à notre place, puisque leur chiffre d’affaire à eux, ce sont nos impôts. Au final le CICE a permis d’ajouter des fonctionnaires inutiles. Tout le monde est heureux, le public sans budget a fait à la place du privé, prisonnier d’un détail stupide, mais têtu, qui reste important à nos yeux. Le chiffre d’affaire.

Enfin 2014 aura été l’année de l’hypocrisie. On s’est attaqué avec une belle vigueur et un esprit de réforme, que nous louons, et nous soutenons le seul Ministre qui ait la réforme chevillée au corps, aux professions réglementées dont la descente dans la rue et les slogans affichés, justifient à eux seuls de les mettre au régime concurrentiel au plus vite. Mais le souci, est que dans le même temps, l’Etat, lui, refuse de se réformer. Or l’Etat, 57% du PIB, représente à lui seul la raison de nos maux. Sans régime, la surcharge pondérale qu’il représente pour notre corps économique, entraîne diabète et crises cardiaques pour les PME, ces moteurs de l’économie que l’on traite comme de simples pièces détachées.

2015 alimentons la défiance !

2015 sera l’année du test des convictions réformatrices du gouvernement. Rebsamen, Macron et Valls, vont pouvoir ou non nous convaincre, que les sirènes ne les font pas dériver à tribord, et que les gages donnés à ces animaux inutiles mais à la voix aiguë, ne viendront pas anéantir les visées du départ.

2015 donc. Année impaire, idéale pour en commettre ? SI oui, entrepreneurs, sortez vos impers. Trêve de mauvais jeux de mots, et abordons les sujets potentiels de discorde.

Allons nous reprendre les Assises de l’Entrepreneuriat ? C’est fort possible et ce serait un signal fort que le gouvernement pourrait adresser aux syndicats patronaux qui à part siffler ou cadenasser, ont montré depuis 20 ans, eux aussi, leur capacité à jouer du pipeau et leur collusion. Ils se sont fait voter en catimini une nouvelle taxe, payée par les entreprises qu’ils sont censés défendre. Brillant. Les Assises c’est écouter la base. Les gueux. Les entrepreneurs aux bilans gâtés, les "sans résultat". Ecouter ceux qui font et moins ceux qui disent. Ce serait un beau signe et un vrai pied de nez aux partenaires qui n’ont plus rien de sociaux, depuis longtemps.

Allons nous revoir les seuils sociaux ? Non pour réduire la représentation syndicale, le dialogue social, mais pour simplifier la vie des entreprises de petite taille et trancher à vif dans les 42 nouvelles législations qui s’appliquent à nous pour nous récompenser de passer le cap des 50 salariés. L’incitation par la punition marche assez mal. Et pourtant cela fait 20 ans que cela dure et s’empire chaque année, grâce à la baguette punitive du législateur, ivre de son pouvoir normatif, et dont la seule chance de laisser une petite place dans une bien triste histoire et d’accrocher son nom à une loi. Passez nous tout cela à 250 personnes et n’en parlons plus. Simple, rapide. Testons et voyons les résultats. Jugeons sur pièces et non sur des spéculations.

Allons nous assister à une maîtrise des dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales, à la fusion du régime de retraite des fonctionnaires avec celui du privé, la fin des niches fiscales inutiles, la fin des fromages de la république, la disparition de dizaine d’agences inutiles, de prestations sociales contradictoires et contreproductive, à un impôt par tous et pour tous et considérer qu’un contribuable qui reçoit, au final, grâce aux aides diverses, autant qu’un salarié au salaire supérieur, devrait être imposé comme son alter ego au revenu net équivalent.

Allons nous mettre fin à ces politiques de surprotection, qui au nom de la justice sociale et de la protection du plus faible se retourne contre les plus démunis tout en bloquant notre pays ?

Allons nous diminuer le nombre de députés, de sénateurs, et le montant indécent de leurs retraites ? Allons nous diversifier la provenance des grands commis de l’Etat. Etc.. Désolé, plus de place dans la cheminée pour autant de cadeau à faire pourtant, à la France !

Allons nous, pour doper la fluidité et faciliter les rapports humains dans les entreprises, imposer une représentation syndicale dans les PME à partir du premier salarié ? Allons nous être si stupides ? Allons nous commettre cette erreur fondamentale, en feignant d’ignorer qu’une entreprise de moins de 10 personnes n’a pas les mêmes services administratifs qu’une société du CAC40 pour gérer ce "bazar" inutile ? François Rebsamen, Pierre Gattaz, vous que nous aimons bien à titre personnel, ne nous faites pas cela.

Pourquoi ?

Parce que nous sommes, nous entrepreneurs, les descendants directs des tenants de l’esclavagisme ? Ai je besoin de répondre à cette question ?

Par logique tout d’abord. Car vous l’avez bien isolé, l’un des principaux soucis de la PME c’est la complexité. Avec plus de 83% des entreprises sous la barre des 12 salariés, le problème c’est bien de faire cesser le vent de face qui les ralentit. Pas d’ajouter à la force de celui qui souffle déjà.

Par réalisme. Le dialogue social a quel but ? Créer les conditions du dialogue dans une entreprise et assurer que le rapport de force ne soit pas déséquilibré ? Alors rassurez vous, dans une entreprise où chaque salarié est important, le dialogue social fonctionne parfaitement. Il n’a besoin d’aucune obligation car il se fait naturellement. Et librement. L’enfermer dans des règles le rendra vicieux.

Par ambition. Si l’ambition est de restaurer un moteur de croissance, pourquoi lui mettre le mauvais carburant. Le sucre dans le réservoir, cela marche pour doper l’organisme humain, et encore à court terme seulement, mais cela tue les moteurs. Vous voulez faire de ces entreprises des machines à croissance, pourquoi les lester ?

Par crainte de la maladie. Le syndicalisme à la française, c’est le culte de la lutte et de la défiance. L’opposition par principe et le règne du laxisme et du dogmatisme. Les français désavouent les syndicats à chaque élection. Pourquoi leur imposer par la force ce que la démocratie refoule par le vote ? Un salarié et un entrepreneur qui discutent mettre au centre du terrain l’intérêt de la discussion. Un syndicaliste et un entrepreneur qui discutent transforment cette saine discussion en combat de principe. L’habit fait vraiment le moine en matière sociale.

Habillé de lumière politique, l’homme se transforme et joue un rôle. Ce rôle aboutit à la société de la défiance que nous connaissons à ce jour. Est ce vraiment utile de travestir une relation humaine normale en combat politique de posture ? Le virus de la défiance n’est pas plus louable que celui de l’Ebola. On ne peut lutter contre l’un et favoriser l’autre.

Laissons aux Français le soin de régir leurs rapports. Les inspecteurs du travail et les prud’hommes sont suffisamment impartiaux et aptes à diaboliser l’entreprise et punir l’entrepreneur, pour ne pas avoir besoin d’un fossoyeur de plus. Le meilleur dialogue social c’est l’équilibre du pouvoir et croyez nous, dans une PME chaque salarié est important et le rapport de force est tout à fait équilibré. Un salarié clé qui part, c’est l’entreprise qui est en péril. Cela suffit à gérer un bon équilibre des forces en présence.

Pour Noël je vais donc me permettre le seul rêve que l’on ne pourra me voler : L’espoir. L’espoir que le courage devienne la valeur cardinale des politiques et qu’ils puissent avoir envie de se regarder sans honte, ni reniement, dans leur glace, le matin, en se rasant. Malheureusement, l’espoir, comme les promesses, n’engage que celui qui le nourrit. Et nous ils nous affament ! Allez un petit verre et une longue attente au pied de la cheminée. Les miracles arrivent parfois quand on les attend le moins.

Nous vous souhaitons à tous, lecteurs, lectrices de ces colonnes, que je fais de plus en plus longues chaque semaine pour tester votre résistance, une belle année. Il faut encore y croire. Soyez heureux au moins pour les 15 prochains jours.

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