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Après la peur du virus, c’est le spectre des faillites et des plans sociaux qui hante les dirigeants français pour 2021
©CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Atlantico Business

La campagne de vaccination a démarré avec beaucoup de difficultés. Même si elle fait reculer la peur du virus, les dirigeants français, chefs d’entreprises, responsables politiques et syndicaux sont hantés par les risques de faillites et de chômage qui vont bouleverser l’année 2021. Les prévisions du Conseil d’analyse économique (CAE) sont très sombres.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Une grande partie de lopinion publique a pris conscience que la vaccination était le seul moyen, actuellement, de se protéger du virus et de faire reculer cette peur collective qui a plombé le moral en 2020. Désormais, cest la peur du réveil qui hante beaucoup de dirigeants, avec le risque de faillites en cascade et de plans sociaux dans le courant de lannée 2021. La grande majorité des économistes et beaucoup dexpert annoncent des lendemains difficiles.

Curieusement, ce sont les mêmes qui, dès le début le la crise en 2020, dès l’annonce des confinements, annonçaient la catastrophe. L’année 2020 n’a pas été simple, mais l’économie ne s’est pas effondrée et le système mondial n’a pas sombré dans la ruine. Les grandes organisations internationales, que sont l’OCDE, le FMI ou les banquiers centraux ont mesuré l’ampleur des dégâts macro-économiques avec une chute du PIB mondial de 5 % dans le monde, supérieure à 11% en Europe, mais ces grandes organisations internationales n’ont pas caché qu’il existait des forces de rappel puissantes pour ramener l’économie mondiale au niveau d’avant, vers la fin de l’année 2021 ou courant 2022.

Les marchés financiers, qui sont d’excellents baromètres pour anticiper l’activité, ne se sont jamais affolés, contrairement à ce qui s’est toujours passé lors des crises précédentes.

Les chiffres sont donc, pour 2020, un peu meilleurs que ce qu’on prédisait pour trois raisons :

1ère raison, la  crise sanitaire a mis en danger les vies humaines mais na pas détruit les actifs de production. Rien à voir avec une guerre mondiale et ses bombardements, ni avec un tremblement de terre ou un accident atomique type Tchernobyl. Les immeubles, les usines, les bureaux sont restés debout. Les camions et les avions se sont arrêtés. Mais le système dans son ensemble a été maintenu en état de marche. Il peut donc repartir. Il est d’ailleurs reparti dès que les conditions sanitaires le permettaient.

D’autant et c’est la 2e  raison que les aides de lEtat ont été massives. L’Etat a compensé les pertes de chiffre d’affaires, l’Etat a suspendu le paiement des impôts et des charges et l’Etat, par le chômage partiel, a protégé les contrats de travail.

La  3e raison qui explique cette résilience se cache au cœur des entreprises  qui ont commencé à s’adapter, notamment grâce à la digitalisation. Les Français se sont mis au télétravail, ils ont modifié leurs habitudes et les entreprises, dans leur majorité, ont su répondre à cette demande de changement. Après le premier confinement qui avait installé un climat de sidération et de coma artificiel, le système a fonctionné très fort en mai, juin, juillet et aout. Même le début d’automne a été très bon. Après cette euphorie, le virus s’est réveillé à son tour et a entrainé de nouvelles restrictions et couvre-feu mais le système n’a pas été ruiné.

Alors, certains secteurs ont été très durement touchés, toutes les activités qui drainent du public ont été écrasées, les cafés-restaurants, les théâtres, les cinémas, les voyages, les compagnies aériennes etc... Tous ces secteurs sont sinistrés et ne survivent actuellement que grâce aux aides de l’Etat.

L’année2021 va être compliquée parce que l’Etat va être obligé de suspendre des aides et il va falloir que les entreprises qui ont fait des dettes commencent à les payer. Il va y avoir des faillites et des plans sociaux.

Les difficultés les plus graves vont toucher d’abord les entreprises qui étaient malades avant la crise et qui vont l’être encore plus après. C’est le cas de certaines grandes entreprises (Renault ou Air France) mais c’est aussi le cas de milliers de petites entreprises qui ne vont pas retrouver leur clientèle qui va changer d’habitudes. Beaucoup de petits cafés restaurants qui ne vivaient pas très bien avant, et qui ne pourront pas repartir après.

Les difficultés vont surgir dans les entreprises qui n’ont pas su - ou pas pu - s’adapter au changement. Le e-commerce, les livraisons à domicile, le click and collect, le télétravail. Tout cela a installé définitivement un nouveau mode de travailler et de consommer. Le propriétaire d’un petit cinéma peut très légitimement se demander si ses clients vont revenir en salle après avoir découvert et goûter les abonnements à Netflix.

Les voyages au bout du monde et les séminaires d’entreprises vont évidemment se raréfier. Le monde des affaires a découvert d’autres moyens de créer du lien social ou de faire de la formation. Beaucoup d’hôtels qui vivaient principalement du tourisme d’affaires vont devoir se reconvertir mais comment ? Ce tourisme d’affaires a été remplacé par des réunions Skype ou Zoom, dont on s’est aperçu qu’elles coutaient moins cher en temps et en argent.

Face aux plans sociaux  et aux  faillites, l’Etat va devoir décider qui il va aider à changer et s’adapter et ceux pour lesquels il ne pourra pas faire grand-chose. Les arbitrages seront d’autant plus difficiles que la capacité d’endettement de l’Etat n’est pas sans limite. L’Etat va devoir commencer à gérer sa dette colossale et privilégier le financement de l’investissement, c’est à dire préparer l’avenir, plutôt que protéger le passé en soutenant des activités rendues obsolètes par le changement incontournable.

Lannée 2021 ne marquera pas leffondrement du système, mais la concrétisation du changement. Le rythme de l’évolution et du retour à la normale va dépendre du virus, de ses variants, de l’efficacité de la vaccination... mais aussi de la solidarité européenne parce que c’est l’Union européenne, et donc la banque centrale, qui nous permet d’emprunter de l’argent à bas prix et d’allonger la durée des emprunts à un point tel que le remboursement soit indolore ou presque. Toutes ces conditions sont hyper importantes parce quelles fabriquent de la confiance et la vie normale est suspendue à ce niveau de confiance. Actuellement, l’opinion est résignée. Démoralisée même, parce qu’après la peur du virus, elle craint les risques économiques.

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