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A quoi sert le Medef dans le "nouveau monde" d'Emmanuel Macron ?
©Reuters

Renouveau

La course à la présidence du MEDEF prend forme. Plusieurs candidats sont déclarés. Mais le scrutin, après l’éviction de Dominique Sénard (Michelin) faute d’une adaptation des statuts dans les temps, a des allures de déjà vu. Certains s’inquiètent de voir l’organisation patronale manquer singulièrement de souffle au moment où la présidence de la République s’inscrit dans un renouvellement systémique.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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A quoi peut encore servir le MEDEF? Si la question n’est pas clairement posée à l’occasion du scrutin qui s’annonce, elle hante beaucoup d’esprits. Au moment où Emmanuel Macron donne une importance nouvelle aux accords d’entreprise et réduit d’autant l’importance de la négociation interprofessionnelle, les fondamentaux du MEDEF semblent menacés. L’étatisation qui se prépare de l’assurance chômage ajoute à ce sentiment de perte de sens ou d’utilité pour le syndicat patronal.

Des candidats démocrates chrétiens à foisons

Depuis juillet 2017, les candidatures « centristes » ou démocrates chrétiennes se multiplient. On compte aujourd’hui celle de Patrick Martin, du MEDEF Auvergne, celle de Frédéric Motte, et bientôt celle d’Alexandre Saubot, président de l’UIMM qui devrait prochainement déclarer sa candidature à la présidence du MEDEF.

Ces trois personnalités présentent la particularité de proposer une sorte de statu quo dans le paysage social. Leurs discours de campagne proposent effectivement une réforme plus ou moins prononcée du MEDEF, avec des totems faciles comme « mettre le MEDEF au service des entreprises », mais aucun d’entre eux ne tire les conclusions profondes des ordonnances qui permettent désormais à toutes les entreprises de négocier leurs propres accords, quelle que soit leur taille. 

D’où le sentiment d’une redite et d’une sorte de manque d’imagination qui ne ravit guère les dizaines de milliers d’adhérents en quête de renouveau. 

Incertaines candidatures libérales

Face à ces démocrates chrétiens, les candidatures libérales semblent à la peine. 

Jean-Charles Simon, ancien Directeur Général du MEDEF, s’est déclaré début janvier dans une relative surprise. Son orientation très hostile au paritarisme de gestion risque de compliquer son parcours. Elle ne paraît pas de nature à lui permettre un vaste rassemblement au-delà des quelques aficionados de ce thème de plus en plus confidentiel.

Plus habilement, Geoffroy Roux de Bézieux, actuel vice-président et candidat il y a cinq ans, a gommé de son « programme » les points les plus urticants. Il évite d’aborder frontalement la question de la réforme du paritarisme et propose finalement une vision assez passe-partout.

Pour lui, le pari est compliqué. Réputé « deal-maker » plus qu’entrepreneur, il ne dispose pas, comme son rival direct Alexandre Saubot, du soutien d’un appareil installé de longue date sur l’ensemble du territoire. Recueillir de larges soutiens parmi les fédérations est vital pour son élection, sans quoi Alexandre Saubot devrait assez naturellement s’imposer. 

Du coup, Roux de Bézieux est obligé d’affadir son discours… ce qui nourrit le sentiment d’un immobilisme patronal. Et contribue à rendre cette campagne décidément bien morne. 

À la recherche de l’effet Macron

Dans les rangs patronaux, ils sont pourtant nombreux à attendre autre chose de l’élection à la présidence du MEDEF. Beaucoup ne seraient pas hostiles à un repli patronal sur le lobbying économique, à la façon du BDI allemand. 

En l’état, une grande partie des cotisations est absorbée par des missions de gestion très éloignées de la cause patronale. Entre la gestion des mandats dans des centaines d’organismes paritaires parfois mystérieux et la participation à des missions de formation (comme la gouvernance des OPCA…), certains adhérents peuvent avoir le sentiment d’un gaspillage. 

Parallèlement, le mandat Gattaz n’a guère aidé à donner de la lisibilité à l’ensemble. Le président sortant n’a pas montré de cap particulièrement réformateur pour sa structure, ni pour le dialogue social qu’il avait à sa disposition. 

Il en ressort un sentiment d’immobilisme d’autant plus frappant qu’Emmanuel Macron a bouleversé la donne du côté des pouvoirs publics. Lorsque le président de la République a soutenu la candidature (désormais) avortée de Jean-Dominique Sénard, le patron de Michelin, l’intention était bien de propager, à l’aide d’une personnalité charismatique, l’onde de choc de mai 2017. 

Les patrons sont désormais, et sans grand espoir, à la recherche d’un nouvel effet Macron. Mais aucune personnalité ne se dégage aujourd’hui qui paraisse pouvoir incarner ce mouvement. 

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