"Les migrants sont une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux" : mais qui a bien pu dire une chose pareille ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
"Les migrants sont une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux" : mais qui a bien pu dire une chose pareille ?
©Reuters

Il a osé

Quel homme politique s’est-il laissé aller à nous ramener ainsi vers les heures les plus sombres de l'histoire ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

"Des policiers sont arrivés avec des bus. Ils ont arrêté tout le monde. On a couru aussi vite que l'on a pu, mais mon cousin a été pris. Je n'ai plus aucune nouvelle de lui." C'est le récit pathétique d'un migrant qui a échappé à la rafle. Car c'est bien d'une rafle qu'il s'agit.

D'autres récits abondent dans le même sens. Avec d'autres détails. On a vu passer un convoi de quatre semi-remorques sur lesquels étaient fixées des grandes grilles. Derrière ces grilles des migrants parqués comme du bétail. On les amène à la frontière. On les sort des camions et on les pousses de l'autre côté.

L'explication de ces procédés, pour le moins peu humains, est venue de la bouche du Premier ministre. "Les migrants sont une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux"a-t-il déclaré.  Et son ministre des Affaires étrangères a été plus affirmatif encore : "Les migrants sont une menace pour la sécurité du pays". Mais on est ou là ? Mais on va ou là ?

Le Premier ministre s'appelle Ahmed Ouhiaya. Pas Édouard Philippe. Le ministre des Affaires étrangères porte le nom d'Abdelkader Messahel. Pas celui de Jean-Yves Le Drian. Tous deux sont algériens. Les policiers sont algériens. Les camions grillagés avec leurs cargaisons humaines sont algériens également. Les migrants sont nigériens. En Algérie, on n'aime pas trop les Nigériens. Et les Noirs en général.

Cela se passe dans un pays qui nous est proche pour le meilleur et parfois pour le pire. Mais comme il ne fait pas partie de l'Union Européenne, et qu'il y a quelques histoires sanglantes entre nous, on se tait. On ne va quand même pas traiter les Algériens comme de vulgaires Hongrois ou Polonais qui en font pourtant beaucoup moins.

Et là on va se permettre un peu de politique-fiction. On imagine une importante délégation française se rendant en Algérie pour étudier la question des migrants. Il y aurait la Edouard Philippe, Jean Yves Le Drian, nombre d'associations antiracistes et le CRAN. Oui, surtout le CRAN ! Et après son séjour d'études, la délégation revient en France et livre un verdict lumineux : "Aucun comportement ou attitudes ou déclarations racistes n'ont été relevés en Algérie" ! Car les Algériens ne sont pas, ne peuvent être, racistes. Et pourquoi ? Ben parce qu'ils sont algériens…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !