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On pourra trouver étrange de voir les souverainistes d&#39;un pays A, disons la France, <a href="http://www.liberation.fr/france/2016/11/09/trump-l-emporte-marine-le-pen-jubile_1527245">se réjouir de la bonne fortune</a> des souverainistes d&#39;un pays B ou C, disons les États-Unis ou la Grande-Bretagne.&nbsp;On comprend bien qu&#39;à court terme les victoires de Trump et des &quot;brexiters&quot; puissent effectivement leur donner des ailes (&quot;Si des populistes xénophobes parviennent à séduire une majorité d&#39;électeurs chez les voisins, on doit être capables d&#39;en faire autant&quot;) mais, au-delà d&#39;une légitimation théorique de leurs thèses, qu&#39;ont vraiment à gagner les nationalistes d&#39;une puissance moyenne dont la prospérité dépend de son commerce extérieur et de son tourisme et la sécurité de la fiabilité de ses partenaires, d&#39;une telle propagation des égoïsmes locaux&nbsp;?&nbsp;De fait, les souverainismes sont nécessairement antagonistes et ce qui est (peut-être, on a le droit d&#39;en douter) &quot;bon&quot; pour les États-Unis, de la fermeture de ses marchés à un désintérêt croissant pour le coûteux bordel moyen-oriental, est difficile à présenter comme universellement positif. Et les partisans français de la fermeture des frontières et du repli sur soi, s&#39;ils ont vraiment la moindre ambition pour leur pays, feraient mieux de s&#39;interroger sur les conséquences concrètes du nouvel ordre en train d&#39;émerger.&nbsp;Oui, il est possible, maintenant que les Américains et les Britanniques ont ouvert la voie, d&#39;assister à une déferlante protectionniste et isolationniste dont le point d&#39;orgue serait, chez nous, l&#39;entrée de Marine Le Pen à l&rsquo;Élysée. Comme il est possible de voir exploser tout ce que l&#39;Occident (au sens géopolitique) a su mettre en place de structures de coopération stratégiques et économiques depuis 1945.&nbsp;Parce que l&#39;histoire, dit-on, ne repasse pas les plats et que le pire n&#39;est jamais sûr, on se gardera prudemment d&#39;en tirer des conclusions trop cataclysmiques à base de troisième guerre mondiale pour faire peur aux petits enfants. On suggérera toutefois qu&#39;il faut une sacrée dose de crétinerie pour prétendre que c&#39;est l&#39;harmonie, la joie et la concorde qui sortiront de ces réveils nationalistes en série.&nbsp;C&#39;est sûr, une version lepéniste de la France, sorte d&#39;utopie néo-pétainiste peuplée d&#39;agriculteurs et de petits commerçants monocolores, pourrait peut-être un temps se donner l&#39;illusion de tirer son épingle du jeu en claquant la porte de l&#39;OTAN, de Schengen et même de l&#39;UE pendant que les Russes, les Chinois et les califes compteraient les points. Mais son &quot;souverainisme&quot;, au sens du moyen de préserver son indépendance, n&#39;aurait vite plus grand chose à voir avec la &quot;souveraineté&quot;.

Marine Le Pen, néo-atlantiste trumpienne ?

Zone Franche

<h3 class="s2">Atlantico : Marine Le Pen s&#39;est fait remarquer le 9 novembre par les félicitations enthousiaste qu&#39;elle a adressé à Donald Trump. Pourtant, la candidate du Front National s&#39;était longtemps gardée d&#39;un rapprochement avec le magnat américain ces derniers mois. Devant le raz de marée Trump, prendrait-elle le risque d&#39;abandonner sa stratégie de dédiabolisation pour devenir plus offensive comme le fut le nouveau Président des Etats-Unis ?</h3>Bruno Larebière :&nbsp;Durant la campagne présidentielle américaine en effet, Marine Le Pen ne s&rsquo;était pas positionnée clairement en faveur de Trump contrairement à ce qu&rsquo;on tente de faire accroire désormais. Interrogée le 31&nbsp;août par CNN, elle s&rsquo;en était tenue à un &laquo;&nbsp;tout sauf Clinton dans l&rsquo;intérêt de la France&nbsp;&raquo;, ce qui revenait certes à soutenir Donald Trump mais n&rsquo;était tout de même pas la même chose. Si elle se reconnaissait des points communs avec Trump, ça n&rsquo;a jamais été sur son discours politique, mais dans le fait de n&rsquo;être &laquo;&nbsp;pas du sérail&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-à-dire d&rsquo;être tous deux étrangers à l&rsquo;Establishment&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous ne dépendons de personne&nbsp;&raquo;, avait-elle affirmé, ce qui reste d&rsquo;ailleurs à prouver, du moins pour Trump.Mercredi soir sur France&nbsp;2, invitée du 20&nbsp;heures, Marine Le Pen a poursuivi dans cette stratégie d&rsquo;évitement, manifestant clairement qu&rsquo;elle n&rsquo;entend nullement rompre avec la ligne qu&rsquo;elle s&rsquo;est fixée, celle de l&rsquo;&laquo;&nbsp;apaisement&nbsp;&raquo;. Elle a refusé, tel le cheval devant l&rsquo;obstacle, de répondre à toutes les questions qui l&rsquo;auraient amenée sur un terrain autre que celui du &laquo;&nbsp;peuple contre les élites&nbsp;&raquo;. A Julian Bugier qui évoquait une &laquo;&nbsp;victoire identitaire&nbsp;&raquo;, celle des &laquo;&nbsp;Américains blancs, déclassés&nbsp;&raquo;, Marine Le Pen a répondu qu&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;&laquo;&nbsp;une erreur d&rsquo;analyse&nbsp;&raquo; et que &laquo;&nbsp;racialiser&nbsp;&raquo; les résultats de l&rsquo;élection américaine était &laquo;&nbsp;n&rsquo;avoir rien compris à ce qui s&rsquo;est passé&nbsp;&raquo;, qui n&rsquo;est rien d&rsquo;autre que &laquo;&nbsp;la volonté de rompre avec la mondialisation sauvage&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;la volonté de retrouver la nation&nbsp;&raquo;.Or c&rsquo;est à tout le moins un peu court. Le New York Times a clairement montré (1) que l&rsquo;électeur type de Donald Trump est un homme blanc marié et chrétien de plus de 45&nbsp;ans, habitant ce que peut appeler, en allusion aux travaux de Christophe Guilluy, &laquo;&nbsp;l&rsquo;Amérique périphérique&nbsp;&raquo;, pour qui la question la plus importante (&laquo;&nbsp;Most important issue&nbsp;&raquo;) est l&rsquo;immigration. Dans les déterminants du vote, les questions économiques n&rsquo;arrivent que loin derrière&nbsp;: si les électeurs de Trump considèrent que leur situation économique personnelle est moins bonne que celle de leurs parents, et que celle de leurs enfants sera pire encore, cela n&rsquo;est pas exprimé comme l&rsquo;élément qui a motivé leur vote.Marine Le Pen reprend, une fois de plus mais plus visiblement qu&rsquo;à l&rsquo;accoutumée, la grille de lecture qui est celle de l&rsquo;économiste chevènementiste Jacques Sapir, qui fait mine de se tenir à distance du Front national mais exerce sur elle, et encore plus sur Florian Philippot, une influence certaine depuis plusieurs années.Dans son dernier texte, &laquo;&nbsp;Le vote Trump et ses leçons&nbsp;&raquo; (2), paru le 10&nbsp;novembre, Jacques Sapir explique, sous couvert d&rsquo;analyser le scrutin américain, quelle est la stratégie de Marine Le Pen, évidemment &laquo;&nbsp;validée&nbsp;&raquo; par l&rsquo;élection de Donald Trump. Permettez-moi de le citer largement tant le parallélisme est stupéfiant. Il commence par dire ce que Marine Le Pen a exprimé sur France&nbsp;2 (&laquo;&nbsp;présenter le vote Trump comme un vote &ldquo;blanc&ldquo; et raciste passe largement à côté des réalités&nbsp;&raquo;) puis déduit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il y a une conséquence importante, et qui peut être généralisée. Face aux désastres induits par la &ldquo;mondialisation&ldquo; une partie de l&rsquo;électorat populaire réagit au chantage de l&rsquo;élite &ldquo;nous ou le chaos&ldquo; en choisissant le candidat &ldquo;anti-élite&ldquo; ou &ldquo;anti-système&ldquo;, que ce soit de manière passive (par l&rsquo;abstention) ou que ce soit de manière active (en votant pour lui).&nbsp;&raquo;Jacques Sapir ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce phénomène est d&rsquo;autant plus fort que le candidat &ldquo;anti-système&ldquo; s&rsquo;est abstenu de déclarations susceptibles de rebuter ces électeurs. Là où Trump, dans ses discours locaux, a tenu ses propos les plus outranciers, le phénomène est le plus faible. Là où il s&rsquo;est concentré sur des attaques contre l&rsquo;établissement et les banques, le phénomène est le plus important. La cohérence du discours du candidat &ldquo;anti-système&ldquo; est donc bien importante pour casser le mécanisme de rejet, mais elle impose aussi que ce discours ne soit pas provocateur.&nbsp;&raquo;Telle est, exactement, la stratégie de Marine Le Pen&nbsp;! Persuadée qu&rsquo;elle sera présente au second tour de l&rsquo;élection présidentielle, où elle sera opposée à un candidat qui, quel qu&rsquo;il soit, sera présenté comme l&rsquo;homme de l&rsquo;&laquo;&nbsp;establishment&nbsp;&raquo;, le candidat de l&rsquo;&laquo;&nbsp;élite&nbsp;&raquo;, celui du &laquo;&nbsp;système&nbsp;&raquo;, elle évite en effet tout discours qui serait jugé &laquo;&nbsp;provocateur&nbsp;&raquo; afin de neutraliser autant que faire se peut des électeurs qui lui sont a priori opposés. L&rsquo;idée étant que s&rsquo;ils ne votent pas pour elle, peut-être s&rsquo;abstiendront-ils de voter contre elle, ce qui, mécaniquement, augmentera ses chances d&rsquo;être élue.De même Sapir met-il en avant le fait que Bernie Sanders, candidat malheureux à l&rsquo;investiture démocrate contre Hillary Clinton, ait déclaré qu&rsquo;il était prêt, &laquo;&nbsp;dans la mesure où M. Trump est sérieux&nbsp;&raquo;, à travailler avec lui &laquo;&nbsp;s&rsquo;il s&rsquo;agit de mener une politique améliorant la vie des familles de travailleurs&nbsp;&raquo;, mais bien sûr pas dans le cadre de &laquo;&nbsp;politiques racistes, xénophobes et anti-écologistes&nbsp;&raquo;. Le texte de Sapir fait écho, là encore, aux multiples hommages rendus, tout au long de cette campagne, par Florian Philippot à Bernie Sanders, systématiquement présenté comme l&rsquo;autre candidat &laquo;&nbsp;anti-establishment&nbsp;&raquo;, préfiguration de ce que sera, suivant cette logique, un appel aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon à se reporter sur Marine Le Pen.Car on en est là, et un mérite de l&rsquo;élection de Donald Trump aura été de permettre que cette stratégie, que Marine Le Pen pratique depuis de longs mois, soit écrite noir sur blanc par Jacques Sapir, un peu moins prudent que d&rsquo;habitude ou un peu plus ambitieux.<h3 class="s2">Quels avantages Marine Le Pen peut-elle malgré tout retirer de la victoire du candidat républicain ?&nbsp;</h3>Avant l&rsquo;élection, un journal américain avait parlé de Trump comme du &laquo;&nbsp;Marine Le Pen américain&nbsp;&raquo;. Depuis l&rsquo;élection de Trump à la présidence des Etats-Unis, c&rsquo;est Marine Le Pen qui est devenue &laquo;&nbsp;le Trump français&nbsp;&raquo; et cela change tout dans la perception&nbsp;: si le Marine Le Pen français a été élu à la présidence de la première puissance mondiale, la vraie Marine Le Pen ne peut-elle pas elle aussi être élue&nbsp;?Pour Marine Le Pen, l&rsquo;élection de Donald Trump est comme une &laquo;&nbsp;divine surprise&nbsp;&raquo;, qui vient montrer, selon sa formule, que &laquo;&nbsp;ce que le peuple veut, il le peut&nbsp;&raquo;, ce qui tombe à pic pour sa propre campagne placée sous le slogan &laquo;&nbsp;Au nom du peuple&nbsp;&raquo;. La classe politique française a d&rsquo;ailleurs été quasi unanime à noter, de Jean-Christophe Cambadélis à Jean-Pierre Raffarin, que &laquo;&nbsp;ce qui paraissait impossible, impensable, pourrait bien nous arriver aussi&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;a dit Elisabeth Guigou, à savoir que l&rsquo;hypothèse de l&rsquo;élection de Marine Le Pen à la présidence de la République devient crédible.Marine Le Pen va donc continuer à inscrire son action dans le cadre englobant de &laquo;&nbsp;ce monde nouveau qui émerge&nbsp;&raquo; et est notamment caractérisé par les &laquo;&nbsp;surprises&nbsp;&raquo; que réservent les peuples aux &laquo;&nbsp;élites déconnectées&nbsp;&raquo;, tout en déroulant un discours qui, sur la forme comme sur le fond, est aux antipodes de celui de Donald Trump, cela dans un contexte institutionnel et politique totalement différent. C&rsquo;est après tout de bonne guerre et c&rsquo;est de son intérêt, tant les Français ne vont pas aller chercher ce qui les distingue fondamentalement.On ne peut d&rsquo;ailleurs pas exclure que Marine Le Pen profite des deux mois qui nous séparent de l&rsquo;entrée en fonction du 45e président des Etats-Unis, le 20&nbsp;janvier prochain, pour aller à sa rencontre et mettre en valeur les points de convergence en politique internationale avec celui qui sera bientôt l&rsquo;homme le plus puissant le monde.&nbsp;<h3 class="s2">La réussite Trump pourrait-elle plutôt inspirer un candidat des Républicains, qui aurait moins de scrupules à durcir son ton ? Si oui, lequel vous semble le plus à même d&#39;adopter le style de Trump lors de la prochaine campagne ?</h3>L&rsquo;élection de Trump survient trop tard pour permettre à un candidat, donné à 1&nbsp;% dans les sondages de la primaire comme l&rsquo;était Trump à son entrée en lice dans la primaire des Républicains, de l&rsquo;emporter, mais elle donne le signal qu&rsquo;il est possible de terrasser celui qui est à la fois le favori des sondages et le candidat de la continuité, suivez mon regard&hellip;A une semaine du premier tour de la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé est celui qui a le plus à redouter de l&rsquo;onde de choc de la présidentielle américaine, en tant qu&rsquo;il apparaît comme le candidat adoubé par le &laquo;&nbsp;système&nbsp;&raquo;, et on peut faire confiance à Nicolas Sarkozy pour essayer profiter de l&rsquo;effet de souffle, ce qu&rsquo;il a déjà engagé. Le &laquo;&nbsp;style Trump&nbsp;&raquo;, ça le connaît, et ce n&rsquo;est pas sur ce terrain qu&rsquo;on peut venir le concurrencer, quand bien même voudrait-on &laquo;&nbsp;renverser la table&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;avait annoncé François Fillon.(1)<a href="http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/politics/election-exit-polls.html?_r=1" style="font-size: 12px;">http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/politics/election-exit-polls.html?_r=1</a>(2)<a href="https://russeurope.hypotheses.org/5417">https://russeurope.hypotheses.org/5417</a>

Pourquoi Le Pen se trompe lourdement en pensant que le FN devrait se trumpiser

Mauvaise idée

Pourquoi Jean-Marie Le Pen se trompe lourdement en pensant que le FN devrait renoncer à sa stratégie de dédiabolisation suite à la victoire de Trump

<blockquote type="cite"><div><div dir="ltr">Donald Trump a été élu 45ème président des Etats-Unis d&rsquo;Amérique, où il succèdera à Barack Obama, premier président de couleur. Pour se faire, il s&rsquo;est défait d&rsquo;Hillary Clinton, ancienne First Lady, sénatrice de New York et première femme candidate à ce poste.Le milliardaire excentrique, parfois grossier, souvent caricatural, incarnation de l&rsquo;Amérique, dans ses qualités et ses défauts depuis les années 1980, va devenir selon la formule l&rsquo;homme le plus puissant de la planète.Ces mots, ces phrases, inimaginables il y a quelques jours pour des millions d&rsquo;Américains mais aussi pour une immense majorité de Français, résonnent à nos oreilles et l&rsquo;on ne sait s&rsquo;il faut se réjouir ou pleurer.Se réjouir de voir une histoire écrite d&rsquo;avance ne pas se dérouler comme prévue avec la victoire finale de l&rsquo;outsider absolu&nbsp;qu&rsquo;était M. Trump ou pleurer de constater le mépris dans lequel ont été tenus et continuent de l&rsquo;être ses électeurs par des médias qui ont oublié leur mission de raconter des faits pour devenir des arbitres de ce qu&rsquo;il faut et ne faut pas penser.Doit-on se réjouir que &quot;le réel ait fait irruption&quot; pour reprendre le mot d&rsquo;Alexis Brézet dans cette élection trop parfaite qui devait amener Mme Clinton à devenir la première femme Présidente des Etats-Unis&nbsp;? Doit-on pleurer des réactions totalement disproportionnées de celles et ceux pour qui la démocratie ne devrait aller que dans leur sens&nbsp;et qui est bonne à jeter aux chiens quand ce n&rsquo;est pas le cas&nbsp;?Après le Royaume-Uni et son choix retentissant de sortir de l&rsquo;Union européenne, voici que la grande Amérique se choisi un Président peu convenable, avec des slogans barbares, comme &quot;Refaire de l&rsquo;Amérique une grande nation&quot; ou &quot;l&rsquo;Amérique d&rsquo;abord&quot;, contre l&rsquo;avis de la totalité de l&rsquo;établissement politique, démocrates et républicains réunis.A ses compatriotes, le candidat Trump a parlé de sécurité, d&rsquo;identité et de souveraineté. Il leur aussi parlé de travail et de faire revenir le Made in the USA. Enfin, il leur a parlé d&rsquo;infrastructures et de la nécessité d&rsquo;investir massivement pour en faire les meilleures du monde. Il a parlé à cette nation silencieuse de 92 millions d&rsquo;Américains qui n&rsquo;ont pas d&rsquo;emplois, il a parlé des traités de libre-échange qui saignent à blanc l&rsquo;économie américaine, appauvrissent les travailleurs et détruisent des emplois. Il a même osé dire qu&rsquo;il allait remplacer le &quot;globalisme&quot; mondialisé par &quot;l&rsquo;Américanisme&quot; pour renégocier ces traités et mettre fin à ce libre échangisme mortifère. Des propos inimaginables dans la bonne société américaine et qui en France seraient dignes de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen. Se serait-on donc trompé sur le compte de Donald Trump&nbsp;?La réalité est plus simple. Donald Trump a parlé à la tête mais aussi aux tripes du peuple américain. Il est apparu comme le Barack Obama d&rsquo;une grande partie de la population blanche déjà déclassée ou en voie de déclassement. Cet entrepreneur entré en politique comme un chien dans un jeu de quilles, a su parler à ce peuple qui aspire à plus de sécurité face aux dangers du monde mais aussi face au risque de perdre son emploi, que, jusqu&rsquo;à maintenant, ses dirigeants s&rsquo;obstinaient à vouloir délocaliser. Ce peuple qui aspire à ce que son identité ne soit pas annihilée alors que toutes celles des minorités sont glorifiées au-delà du raisonnable. Ce peuple enfin qui espère conserver un peu de contrôle sur ce qui se passe dans son propre pays sans qu&rsquo;à chaque fois un traité international vienne l&rsquo;en empêcher. Comme l&rsquo;a rappelé Hubert Védrine, &quot;ce ne sont pas là des demandes immondes&quot;, nous n&rsquo;avons pas à faire à des fous de dieu, des extrémistes ou des fascistes en puissance mais à des gens qui veulent croire que l&rsquo;on peut encore avoir une influence sur le cours des choses en votant. N&rsquo;est-ce pas là l&rsquo;essence de la démocratie&nbsp;?Dans un pays qui a élu un acteur de seconde zone à la présidence pour en faire ensuite une divinité de la pensée conservatrice et un immigré autrichien adepte du culturisme pour diriger son Etat le plus peuplé et le plus riche, l&rsquo;élection de Donald Trump ne devrait pas tellement surprendre. C&rsquo;est au contraire une formidable histoire américaine. C&rsquo;est également une incroyable chance pour les Etats-Unis. En mettant de côté les emportements de la campagne électorale, il est réjouissant d&rsquo;imaginer un président qui n&rsquo;est pas passé sous les fourches caudines du système politique, qui n&rsquo;a aucune dette dans ce monde, aucune faveur à rendre, un président totalement libre de composer la meilleure équipe possible au-delà de l&rsquo;étiquette politique, un président qui pourrait, s&rsquo;il le souhaite, être le meilleur depuis Reagan, avec l&rsquo;aide du Congrès qui, on peut l&rsquo;espérer, saura lui aussi dissiper les vapeurs de la campagne.En France, il est de bon ton de s&rsquo;offusquer dès qu&rsquo;une personnalité publique va au-delà du centre gauche, et pourtant une présidence Trump est une bien meilleure nouvelle pour nos intérêts qu&rsquo;une présidence Clinton ne l&rsquo;aurait jamais été car avec ce nouvel arrivant les compteurs seront remis à zéro.&quot;L&rsquo;avenir n&rsquo;est interdit à personne&quot; disait Gambetta. Celui de Donald Trump pourrait être radieux car, après tout, selon la formule de Jacques Bainville, &quot;l&rsquo;optimisme n&rsquo;est-il point la foi des révolutions&nbsp;?&quot;.</div></div></blockquote>

président usa

Donald Trump : un futur grand président ?

Make America Great Again

C&#39;est un saut dans l&#39;inconnu que les Américains ont décidé, ce 8 novembre. Mais voilà de quoi réjouir Marine Le Pen qui n&#39;a pas caché sa joie en félicitant le grand vainqueur. &quot;Les Américains ont voté. Ils ont refusé le statut quo&quot; a déclaré la présidente du Front national dans une allocution. &quot;Ce qui s&rsquo;est passé cette nuit aux États-Unis n&rsquo;est pas la fin du monde mais la fin d&rsquo;un monde.&quot;&quot;Les Américains n&#39;ont pas voulu d&#39;un Président qu&#39;un système installé voulait leur faire simplement valider&quot; a-t-elle martelé&quot; affirmant que &quot;les élites politiques et médiatiques&quot; ont été &quot;lourdement sanctionnées&quot; et &quot;ne peuvent plus ignorer la démocratie.&quot;Selon elle, &quot;la décision du peuple américain doit s&rsquo;interpréter comme la victoire de la liberté, la liberté d&rsquo;un peuple souverain (&hellip;) J&rsquo;ose répéter ici que l&rsquo;élection de Donald Trump est une bonne nouvelle pour notre pays&quot; notamment parce qu&#39;il &quot;prône le refus du <a data-query-source="hashtag_click" href="https://twitter.com/hashtag/TAFTA?src=hash">TAFTA</a> et plus généralement d&rsquo;une mondialisation sauvage.&quot;Et de conclure : &quot;Le peuple américain vient confirmer ce grand mouvement du monde qui voit le retour des peuples libres dans le concert mondial.&quot;<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/rdv/chroniques-pot-aux-roses/victoire-trump-europe-desormais-seule-face-demons-chroniques-pot-aux-roses-serge-federbusch-2874592.html#QSBcVzuJCZuTClRy.99" target="_blank">A LIRE AUSSI -&nbsp;Victoire de Trump : l&#39;Europe désormais seule face à ses démons</a>

Marine le Pen chut Atlantico.fr

Marine Le Pen : "l’élection de Donald Trump est une bonne nouvelle"

Avis tranché

Marine Le Pen : "l’élection de Donald Trump est une bonne nouvelle pour notre pays"

Fuzzy logic

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Le ferroviaire étant, avec le fromage, <a href="https://www.google.fr/?client=firefox-b#q=grève+éboueurs&amp;gfe_rd=cr">les grèves de poubelles</a>,&nbsp;et les polémiques existentielles sur le style des vêtements de plage, l&#39;un de nos rares domaines d&#39;excellence, je me réjouis du contrat qu&#39;Alstom vient de décrocher <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/08/27/cette-fois-ca-y-est-le-tgv-est-americain_4988713_3234.html">pour la fourniture de 28 TGV aux Américains</a>. D&#39;abord pour nous bien sûr, parce que ça va faire rentrer un peu de pognon dans la tirelire nationale, mais aussi pour eux, parce qu&#39;ils en ont bien besoin...&nbsp;Je viens justement de faire l&#39;expérience d&#39;un trajet New York-Montréal à bord d&#39;une espèce de tortillard <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adirondack_(train)">Amtrak</a> fatigué, hybride de rame de RER et de train Corail, et je n&#39;ai jamais été si conscient de la chance que nous avons d&#39;avoir développé un réseau de trains à grande vitesse aussi dense et efficace ces trente dernières années. Même les sandwiches du wagon-restaurant étaient inférieurs aux nôtres, ce qui tient tout de même de l&#39;exploit.&nbsp;Parce que je m&#39;étonnais, auprès du contrôleur québécois, de notre vitesse d&#39;escargot sur le segment canadien du voyage, le type m&#39;a répondu que lorsque la température extérieure dépasse les 28 degrés, il est impératif de réduire la vitesse à 35 km/h pour cause de dilatation des rails. Je ne lui ai pas parlé de mes Paris-Marseille à plus de 300 km/h en période de canicule parce que je ne voulais pas passer pour l&#39;un de ces maudits Français arrogants, mais je n&#39;en pensais pas moins.&nbsp;Bon, OK, leurs trains à eux sont plus spacieux (les sièges de la seconde ressemblaient à ceux de notre première et, d&#39;ailleurs, il n&#39;y avait pas de première du tout), équipés du wifi, et leurs toilettes nettement moins répugnantes que les nôtres, mais treize bonnes heures pour faire 600 kilomètres, on se dit qu&#39;il y a une vraie marge de progression. Même le dernier au classement du Tour de France <a href="http://yourzone.beinsports.fr/cyclisme-tour-france-evolution-vitesse-moyenne-record-lance-armstrong-6200/">peut faire mieux sur son biclou</a>...&nbsp;Mais l&#39;une de nos autres spécialités nationales étant cette légendaire capacité à ne voir que les verres à moitié vides, des voix se sont immédiatement élevées pour pleurnicher sur le fait que les futurs TGV américains ne soient pas fabriqués chez nous mais du côté de Cornell, État de New York, transformant un succès commercial à plus de 2 milliards d&#39;euros en une quasi-défaite.&nbsp;Bien sûr qu&#39;il vaut mieux vendre des trucs et des machins assemblés dans nos usines par nos propres ouvriers à chaque fois que c&#39;est possible, mais c&#39;est oublier que le chiffre d&#39;affaires engrangé par une filiale d&#39;Alstom aux États-Unis, c&#39;est du chiffre d&#39;affaires engrangé par Alstom tout court, en même temps que des impôts pour le Trésor public, des emplois d&#39;ingénieurs dans nos bureaux d&#39;étude, et de l&#39;activité pour une myriade de sous-traitants gaulois.&nbsp;Après tout, c&#39;est en faisant fabriquer son iPhone en Chine qu&#39;Apple est devenu le numéro 1 mondial du smartphone, a recruté une armée de crânes d&rsquo;œuf surpayés pour son QG californien, et alimenté des tonnes de sous-traitants locaux (<a href="http://www.apple.com/about/job-creation/">un million d&#39;emplois directs ou indirects</a> sur le territoire américain).&nbsp;Autrement-dit, à chaque fois que Renault construit une voiture en Chine, au Brésil et en Roumanie, ou que la DCNS assemble <a href="http://www.lejdd.fr/Economie/L-entreprise-francaise-DCNS-remporte-un-megacontrat-de-sous-marins-a-34-milliards-d-euros-782787">pour 34 milliards d&#39;euros de sous-marins en Australie</a>, ce n&#39;est pas une perte mais un gain. Si tous ces machins n&#39;étaient pas fabriqués localement, ils ne seraient pas fabriqués du tout. Ou, plus précisément, pas par nos entreprises.&nbsp;Et à l&#39;heure où les porteurs de marinières qui préfèrent que la France rapatrie ses usines de T-shirts au lieu d&#39;exporter sa matière grise se préparent à donner le ton de la prochaine campagne présidentielle, on se dit qu&#39;ils feraient mieux de plancher sur les moyens de séduire les homologues étrangers d&#39;Alstom, de Renault et de la DCNS... Il fut un temps, croyez-le ou non, <a href="http://www.e-forge.com/toyota/annee-2016/">où ça ne paraissait pas si absurde</a>.

Alstom fabriquera ses TGV américains à New York : ben oui et alors ?

<h3 class="s2">Atlantico : Dans votre dernier ouvrage,&nbsp;Alstom, scandale d&#39;Etat, vous pointez du doigt notamment le rôle ambigu des politiques français. Le trafic d&#39;influence est une nouvelle forme de corruption, ce qui a permis à certains pays comme les Etats-Unis de mettre en place une législation coercitive pour les pays traitant avec eux.&nbsp; Et dans le premier chapitre vous reprochez une passivité à l&#39;Etat français qui n&#39;a pas &quot;pas vu venir l&#39;offensive judiciaire américaine&quot;. Quelle est la part de responsabilité relevant de l&#39;ignorance, voire d&#39;une certaine naïveté, de la part de l&#39;Etat français et celle qui repose sur un consentement des politiques ?</h3>Jean-Michel Quatrepoint : Les deux éléments sont à considérer ! Les dirigeants français quels qu&#39;ils soient, notamment les politiques et certains managers ne font pas suffisamment attention à ce qu&#39;il se passe en dehors de l&#39;hexagone. Ils n&#39;analysent pas avec assez de pertinence les stratégies de leurs partenaires qui sont aussi des concurrents ce que beaucoup ont oublié. Je pense par exemple aux Etats-Unis ou à l&#39;Allemagne par exemple.<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/derniere-liquidation-industrie-pourquoi-alstom-etait-pas-entreprise-francaise-comme-autres-alstom-scandale-etat-jean-michel-2326111.html" style="font-size: 12px; line-height: 16.3636px;" target="_blank">&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt; A lire également : Dernière liquidation de l&rsquo;industrie : pourquoi Alstom n&rsquo;était pas une entreprise française comme les autres</a><a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-vente-sauvette-alstom-est-bien-veritable-affaire-etat-alstom-scandale-etat-jean-michel-quatrepoint-fayard-2326132.html" style="font-size: 12px; line-height: 16.3636px;" target="_blank">&gt;&gt;&gt; A lire également : Pourquoi la vente à la sauvette d&rsquo;Alstom est bien une véritable affaire d&rsquo;État</a>On observe depuis une vingtaine d&#39;années une mentalité bisounours ; depuis la fin de la Guerre froide, nous n&#39;aurions que des amis. Nos services de renseignements ont abandonné en grande partie l&#39;intelligence économique. Pas question d&#39;essayer de savoir ce qui se mijote à la chancellerie allemande. On ne cherche pas à obtenir des renseignements autres qu&#39;officiels concernant les activités du département de la défense et de la justice des Etats-Unis, voire de la Maison-Blanche. Nous avons perdu nos yeux et nos oreilles alors que les Américains ont toujours de grand yeux et de très grandes oreilles. Nos grands groupes français sont, en un sens, victimes de la dépendance française à l&#39;égard des Etats-Unis. Ces derniers ont une stratégie et la lutte contre la corruption &ndash; noble projet en soi &ndash; fait partie de cette stratégie outre-Atlantique pour imposer leur vision du monde et surtout leurs droits. Quand vous menez le bal et que vous dites le droit, vous avez un avantage sur les autres.Les Français n&#39;ont pas vu venir le coup suffisamment tôt, et ils n&#39;ont pas compris non plus qu&#39;en laissant au dollar le monopole des transactions internationales &ndash; l&#39;euro est une grande monnaie mais ce n&#39;est pas une monnaie internationale &ndash; ils ne pourraient pas échapper à cette emprise.C&#39;est, à la fois, une ignorance et une acceptation du plus fort. Au sein de nos élites il y a l&#39;acceptation tacite depuis 20 ans que l&#39;Europe est sous une double tutelle. Premièrement, une tutelle américaine en matière de défense comme l&#39;illustre la réintégration dans l&#39;OTAN ou le silence quant aux écoutes de la NSA, en matière de diplomatie, dans le domaine idéologique avec les grands groupes du web qui ont une influence considérable sur nos activités. Deuxièmement, la tutelle macro-économique allemande acceptée par Paris avec le cas de la Grèce.Alstom est un cas d&#39;école de la manière dont la France détruit son industrie. Et le jour où un état comme la France n&#39;a plus d&#39;industrie, cela devient un petit pays. Et ce n&#39;est pas le tourisme qui va remplacer le tissu industriel, ni quelques start-ups numériques !<h3 class="s2">Dans un pays aussi ancien que le nôtre, avec une V République marquée par le gaullisme, quelles sont les raisons qui expliquent le manque de souverainisme ayant conduit l&#39;industrie française à son déclin ?&nbsp;L&#39;affaiblissement de la défense de l&#39;intérêt général&nbsp;des acteurs publics travaillant au sein de grandes entreprises&nbsp;publiques est-il une particularité française ?</h3>Notre particularité en France était d&#39;avoir des &quot;civil servants&quot; qui avaient un parcours &quot;classique&quot;. Les diplômés de nos grandes écoles passaient généralement par la fonction publique, les cabinets ministériels et ensuite pouvaient éventuellement pantoufler dans des entreprises publiques ou privées. Dans les générations précédentes, ces hauts fonctionnaires devenus managers avaient maintenu une certaine vision stratégique du développement de leur entreprise au service de l&#39;entreprise elle-même bien sûr, de ses actionnaires, de son personnel mais aussi de la collectivité générale ! Les années 90 marquent le changement de paradigme avec la mondialisation, la financiarisation, qui s&#39;accompagne d&#39;un individualisme forcené. Les élites françaises qui étaient très étatistes ont basculé à 180 degrés dans un système très individualiste. L&#39;évolution du capitalisme français les a poussées à cette transformation.Si nous avions eu de grandes entreprises avec un capital tenu par des fondations, des fonds de pension, des familles, des investisseurs de long terme&hellip; sans doute leur comportement aurait-il été différent. Mais sans constitution d&#39;un capitalisme privé pour remplacer ce capitalisme d&#39;état, le capital de ces grandes entreprises a été progressivement pris par les investisseurs internationaux. .Ces investisseurs, dans le contexte des années 90-2000, n&#39;avaient qu&#39;une seule idée : faire le maximum d&#39;argent en un minimum de temps en faisant tourner les actifs. A partir de ce moment là, les managers dont une partie de leur salaire est payée en stock-options, ont été poussés à adopter cette stratégie court-termiste et à avoir une vision ne tenant plus compte des intérêts collectifs. Et le milieu des politiques et chefs d&#39;entreprises est endogamique.Il faudrait une prise de conscience que le &quot;collectif France&quot; existe et penser ainsi n&#39;est pas infamant.<h3 class="s2">Comment expliquez ce manque de vision politique à long terme, une absence flagrante en matière d&#39;économie en France de la part des dirigeants politiques ?</h3>Les médias ont leur part de responsabilité. Nous sommes dans un système où l&#39;instant, l&#39;émotion, les sondages et les prochaines élections priment. Les médias sont dans l&#39;émotionnel et l&#39;instantanéité. Il est impossible dans ces conditions d&#39;avoir une stratégie à long terme. L&#39;essentiel des journées des dirigeants politiques est consacrée à gérer le quotidien. C&#39;est dramatique.<div> Le cas d&#39;Alstom est exemplaire à ce sujet. L&#39;Etat n&#39;a plus les moyens d&#39;anticiper et de s&#39;opposer à certaines décisions. Premier point, les dirigeants politiques français ont été pris de court. Ensuite, ils n&#39;ont pas de politique industrielle. Et en tant que socio-libéraux, ils craignent qu&#39;on les accuse de retours à des penchants étatistes. A part de là, on s&#39;interdit de faire de vraies pressions sur Patrick Kron et son conseil d&#39;administration alors qu&#39;ils ne représentent rien, contrairement à Bouygues a mis 30% dans l&#39;entreprise, comme je le raconte dans mon ouvrage. Bouygues, qui a tenté d&#39;apporter une solution, est une victime alors que Patrick Kron, a qui on a donné cette entreprise, dénigre l&#39;Etat. Alstom appartient aux actionnaires mais aussi à la collectivité puisque, depuis 50 ans, elle a investi dans l&#39;énergie.<h3 class="s2">Vous soulevez aussi la question des origines professionnelles de nos élites qui sont souvent passées par de grandes entreprises privées, avec en toile de fonds les questions de conflits d&#39;intérêts que cela peut poser. In fine, le problème aujourd&#39;hui n&#39;est-il pas celui du recrutement des politiques en France ?</h3>La politique est devenue un métier. Vous y entrer à 25 ans et vous en sortez 50 ans après. Rentré tout jeune chez Rothschild, Emmanuel Macron est une exception, il n&#39;est pas élu et n&#39;a pas connu la fonction publique.Quant aux liens entre le public et le privé à travers le recrutement, ce que je souligne dans le livre, il s&#39;agit d&#39;une stratégie d&#39;influence très habile. Ces anciens hauts cadres sont engagés, à gauche comme à droite, pour leur carnet d&#39;adresses, ils peuvent ouvrir des portes.Propos recueillis par Rachel Binhas</div>&nbsp;

alstom energie

Entretien avec Jean-Michel Quatrepoint

Capitulation française

JM Quatrepoint : Alstom, “un cas d’école de la manière dont la France détruit son industrie” 

La responsabilité des dirigeants d&rsquo;Alstom, comme celle du conseil d&rsquo;administration du groupe, est donc engagée. Ceux- ci n&rsquo;ont pas anticipé l&rsquo;évolution des marchés. Ils se sont laissé happer, pendant des années, par les querelles d&rsquo;ego qui ont miné la filière nucléaire française. Pendant que les Gaulois d&rsquo;Areva, d&rsquo;Alstom et d&rsquo;EDF s&rsquo;étripaient, les concurrents, eux, s&rsquo;activaient et se renforçaient. En ce qui concerne son secteur de production des turbines à gaz, Alstom n&rsquo;a pas pris les décisions qui s&rsquo;imposaient quand il en était encore temps. Enfin, ses dirigeants sont aussi coupables de n&rsquo;avoir pas mesuré l&rsquo;ampleur de l&rsquo;offensive judiciaire américaine. À&nbsp;leur décharge, ils ne sont pas les seuls. BNP Paribas en sait quelque chose, qui doit s&rsquo;acquitter de 9 milliards de dollars d&rsquo;amende pour avoir effectué des transactions avec des pays sous embargo américain.<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/derniere-liquidation-industrie-pourquoi-alstom-etait-pas-entreprise-francaise-comme-autres-alstom-scandale-etat-jean-michel-2326111.html" target="_blank">&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt;&gt; A lire également : Dernière liquidation de l&rsquo;industrie : pourquoi Alstom n&rsquo;était pas une entreprise française comme les autres</a>Qu&rsquo;on le regrette, qu&rsquo;on s&rsquo;en offusque, importe peu. Notre classe dirigeante, tant au niveau des grandes entreprises que de la haute administration, a joué les autruches. Les États- Unis imposent au monde occidental de nouvelles normes dans le droit des affaires, découlant directement d&rsquo;une évolution récente du Droit américain. Comme la première puissance mondiale contrôle, à travers sa monnaie, l&rsquo;ensemble des transactions internationales, elle impose ses normes juridiques. Des entreprises comme Alstom n&rsquo;ont pris conscience que très tardivement de cette évolution, impulsée il y a plus d&rsquo;une décennie déjà et qui bouleverse certaines de leurs méthodes commerciales.L&rsquo;État a sa part de responsabilité dans cet aveuglement. N&rsquo;ayant pas vu venir l&rsquo;offensive judiciaire américaine, il n&rsquo;a pas vraiment adapté notre droit à ce nouveau paradigme. Il n&rsquo;a pas su, non plus, élaborer, de concert avec les entreprises, une stratégie globale pour s&rsquo;adapter à cette nouvelle donne de la guerre économique. Un État qui ne veut plus, ne peut plus jouer son rôle de stratège, d&rsquo;arbitre, de fédérateur des intérêts de l&rsquo;entreprise France. Au colbertisme si décrié depuis vingt ans, pourtant synonyme de la grandeur de la France, a succédé le laissez- faire total. Les Allemands chassent en meute. C&rsquo;est leur force. Aux États- Unis, ce qui est bon pour les entreprises est bon pour le pays et vice- versa. Dans ses fonctions de secrétaire d&rsquo;État, de 2009 à 2013, Hillary Clinton n&rsquo;hésitait pas à peser de&nbsp; tout son poids pour que les grandes entreprises américaines obtiennent des contrats. General Electric en a largement profité. En France, nos managers, sortis des grandes écoles de la République, ont par trop considéré les entreprises comme leur propriété personnelle, alors qu&rsquo;ils n&rsquo;en sont que des salariés mandataires. À&nbsp;l&rsquo;image de Patrick Kron, ils détestent généralement l&rsquo;État, oubliant tout ce qu&rsquo;il a fait pour eux et pour l&rsquo;entreprise qu&rsquo;ils dirigent. Sans l&rsquo;État, Alstom, société anonyme à l&rsquo;actionnariat privé, serait mort en 2004. Sans les coups de pouce de la Coface et les commandes publiques, l&rsquo;entreprise ne se serait pas maintenue dans le peloton de tête des géants de la construction électrique.Voilà pourquoi, en négociant en catimini son accord avec General Electric, Patrick Kron a une responsabilité, au moins morale. Il a voulu mettre tout le monde devant le fait accompli. Il a finalement réussi. La préparation d&rsquo;un accord a fuité. Le scoop de l&rsquo;agence Bloomberg, le 23 avril 2014, n&rsquo;a fait que repousser l&rsquo;échéance. Le pouvoir exécutif, de François Hollande à Arnaud Montebourg, en passant par Manuel Valls et Emmanuel Macron, a tenté de sauver les meubles. En négociant avec General Electric quelques aménagements pour préserver les intérêts d&rsquo;EDF et d&rsquo;Areva dans la maintenance des centrales nucléaires. Sur le fond, ces efforts n&rsquo;ont rien changé à la cession, comme l&rsquo;avouera Patrick Kron devant les actionnaires : &laquo; Il n&rsquo;y a eu aucun changement depuis la divulgation du projet d&rsquo;accord le 23 avril par Bloomberg, ni sur la nature de l&rsquo;opération, ni sur son prix. &raquo;Dès le départ, c&rsquo;est bien la vente de l&rsquo;ensemble des activités dans le secteur énergie d&rsquo;Alstom qui a été négociée pour 12,35 milliards d&rsquo;euros. Tout le reste n&rsquo;aura été qu&rsquo;un habillage.Le scandale, c&rsquo;est aussi et surtout la manière dont cette opération a été présentée, &laquo; vendue &raquo; à l&rsquo;opinion publique, aux actionnaires, aux salariés et à la représentation nationale. Ce qui fera dire à certains députés qu&rsquo;ils ont été &laquo; floués &raquo;. Tous les protagonistes y sont allés de leurs contre- vérités. De Jeffrey Immelt à Patrick Kron, en passant par Arnaud Montebourg et le gouvernement. Les uns ont menti par omission. Les autres, intentionnellement. Comme il fallait sauver la face, on a présenté, à l&rsquo;été 2014, un accord entre égaux, un accord équilibré entre Alstom et GE l&rsquo;acquéreur. Il a été vanté la création de trois co- entreprises, à 50/50, associant les deux groupes. Au passage, on a oublié de mentionner que General Electric récupérait à 100 % les deux tiers du pôle énergie d&rsquo;Alstom, de loin l&rsquo;activité la plus rentable du groupe&hellip;En focalisant l&rsquo;attention sur les co-entreprises et la golden share de l&rsquo;État français s&rsquo;appliquant à la partie strictement nucléaire des activités du groupe, on a omis de mentionner quelques détails. Ceux- ci n&rsquo;apparaîtront au grand jour que quelques mois plus tard&hellip; à la fin de l&rsquo;année 2014. Ce sera fâcheux. Plus d&rsquo;accord entre égaux. General Electric est bien le patron opérationnel. Dans la co-entreprise nucléaire, GE a même 80 % des actions, et non pas 50 %. Dans Alstom Grid et Alstom Énergies renouvelables, il a 50 % plus une action et une voix prépondérante au conseil d&rsquo;administration.L&rsquo;américain a le pouvoir de décision. Il contrôle la gestion, la trésorerie. Sans parler des management fees que s&rsquo;octroie toujours le groupe majoritaire. On laisse aux Français la direction technique. Rien d&rsquo;étonnant, c&rsquo;est justement cela qui intéresse General Electric, les Français ayant des savoir- faire à lui apporter dans des domaines que l&rsquo;américain avait abandonnés : hydraulique, nucléaire, charbon, éolien off shore.Extrait de &quot;<a class="Colorbox" href="http://www.amazon.com/Alstom-scandale-d%C3%89tat-Documents-French-ebook/dp/B0126TBB5A/ref=sr_1_1?ie=UTF8&amp;qid=1441977253&amp;sr=8-1&amp;keywords=Alstom%2C+scandale+d%27%C3%89tat&amp;tag=a0660-21" target="_blank">Alstom, scandale d&#39;État</a>&quot;, de Jean-Michel Quatrepoint, <a class="Colorbox" href="http://www.fayard.fr" target="_blank">publié chez Fayard</a>, 2015. Pour acheter ce livre,<a class="Colorbox" href="http://www.amazon.com/Alstom-scandale-d%C3%89tat-Documents-French-ebook/dp/B0126TBB5A/ref=sr_1_1?ie=UTF8&amp;qid=1441977253&amp;sr=8-1&amp;keywords=Alstom%2C+scandale+d%27%C3%89tat&amp;tag=a0660-21" target="_blank"> cliquez ici</a>.<img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u39253/2015/09/capture_32.jpg" />

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Pourquoi la vente à la sauvette d’Alstom est une affaire d’État

Bonnes feuilles

Pourquoi la vente à la sauvette d’Alstom est bien une véritable affaire d’État

<a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20150825.OBS4732/info-obs-alstom-10-300-emplois-menaces.html">Selon des informations révélées par&nbsp;l&#39;Obs</a>,&nbsp;le rachat de la branche énergie d&#39;Alstom par le groupe américain General Electric (GE)&nbsp;devrait avoir des conséquences néfastes sur l&#39;emploi. En effet, l&#39;hebdomadaire évouq ele chiffre pharaonique de 10.300 postes supprimés dans le monde dont 2.000 en France, sur les 65.000 emplois concernés par l&#39;opération.Autre son de cloche chez les ministres.&nbsp;Ségolène Royal,&nbsp;la ministre de l&#39;Écologie et de l&#39;Énergie,&nbsp;a affirmé que ces chiffres &quot;n&#39;étaient pas définitifs&quot;. Un point de vue confirmé par&nbsp;Stéphane Le Foll, citant&nbsp;Emmanuel Macron, qui a rappelé qu&#39;il n&#39;en &quot;était pas question. Toutes les commandes tant en France qu&#39;à l&#39;international sont confortées et actées. L&#39;objectif est de garantir par les achats la capacité de maintenir l&#39;activité d&#39;Alstom sur le transport collectif&quot;.&nbsp;Quant à la société américaine, elle s&#39;est voulue rassurante : &quot;GE réaffirme son engagement de créer 1 000 emplois nets en France au cours des trois ans suivant la clôture de la fusion&quot;, a déclaré un porte-parole du groupe américain.&nbsp;A noter que le rachat de la branche énergie d&#39;Alstom par General Electric (GE) doit encore obtenir en septembre le feu vert de la Commission européenne.

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