Le sondage à chaud réalisé par Elabe juste après le débat du 3 novembre n’a pas causé une grande surprise : le quatuor des candidats jugés les plus convaincants par les Français ressemble à s’y méprendre au quatuor en tête des derniers sondages : 1/Juppé 2/ Sarkozy /3 Fillon 4/ BLM. Et l’on peut poursuivre le constat pour les autres candidats : l’ordre de conviction des téléspectateurs correspond à leur ordre de préférence avec, dans l’ordre NKM, Copé et Poisson. Bref, ils ont jugé la prestation des candidats à l’opinion qu’ils en avaient déjà.
De quoi mesurer une fois de plus la force de la CROYANCE, du "wishful thinking" comme disent les Anglais, l’un des plus sûrs ressorts des comportements électoraux. Mais aussi des comportements médiatiques, tant les "enseignements du débat" ont varié d’un journaliste à l’autre, certains allant, contre l’évidence, jusqu’à trouver Copé "très bon" et Sarkozy "mauvais". La plupart, il est vrai, ont placé Alain Juppé en tête : traduction d’une certaine préférence ?
Rien que de très humain là-dedans : l’on entend vraiment que ce que l’on veut entendre, loi vérifiée jadis par le psychosociologue danois, Lund. Celui-ci avait ainsi calculé que dans 88% des cas nous n’acceptons un jugement que s’il correspond à notre attente. Dur de faire évoluer l’opinion dans de telles conditions ! Et l’on comprend l’idée (reçue) que "ce genre de débat ne change rien, sauf grosse catastrophe" ou que "l’on n’a rien à y gagner mais seulement à y perdre".
Mais ces clichés reposent sur la confusion entre deux choses très différentes : la prestation TECHNIQUE des candidats d’une part, leur positionnement STRATEGIQUE de l’autre. L’on mesure la différence avec la situation de NKM. Celle-ci a fait preuve de clarté et de concision, de vivacité dans la répartie (on l‘a vu face à son ancien patron) et surtout d’une argumentation percutante et pertinente, fait très rare à droite comme à gauche : ainsi de sa distinction limpide entre métier et statut à propos des fonctionnaires (certes on a besoin d’infirmières mais pourquoi donc d’infirmières fonctionnaires ?). Mais cela ne retire rien à l’obstacle fondamental de la candidate : son positionnement stratégique "libéral-écolo" est en total décalage avec les attentes de l’électorat de droite. Ses qualités combatives la conduiront donc à un succès d’estime.
Tel n’est évidemment pas le cas d’Alain Juppé qui, de fait, gère bien son avance avec une attitude sereine et enjouée qui convient à un discours "rassembleur". Il sait souvent trouver LA bonne réponse. Ainsi à la question très biaisée des journalistes : "pourquoi vous présenter CONTRE Nicolas Sarkozy ?" : "Je ne me présente pas contre lui, mais contre Hollande et le FN".
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