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No Borders, identitaires : le débat sur l’immigration est-il la propriété des extrémistes ?
©Reuters

Science friction

La crise des migrants pourrait être l'occasion pour la France de revoir son rapport à son immigration et de s’extraire de la dialectique extrémiste. Ça n’arrivera pas mais rêvons un peu.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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En matière d’immigration, à la gauche de la gauche, ils ne seront jamais contents de toute manière. Les frontières, c’est fasciste. Le pognon, il y en a, il suffit de le prendre aux riches. Pour les logements et les jobs, on n’a qu’à réquisitionner les résidences secondaires et réduire le temps de travail jusqu’à la semaine de 25 minutes. Simple, efficace. Complètement crétin aussi.

Et à la droite de la droite, ils feront toujours la gueule aussi de toute façon. Les étrangers, ils ne sont pas comme nous. La France, c’est le pays des Gaulois et du camembert. Le pognon, il n’y en a plus, il a déjà été bouffé par les impôts socialo-communistes. Quant au travail, c’est tous des fainéants, c’est dans leurs gènes et leurs religions. Carré, solide. Et totalement débile.

Donc, avec les premiers comme avec les seconds, pas la peine de s’épuiser. Autant pisser dans un violon troué. Mais avec tous les autres, avec vous, avec moi, qui sommes tout de même encore le gros de la troupe (espérons-le du moins), il y a peut-être moyen de faire quelque chose.

Les migrations, ça existe, c’est un phénomène historique et continu depuis quelques dizaines de milliers d’années. Même les Gaulois ont bien dû venir de quelque part avant de se fixer en Normandie pour y inventer le fromage qui pue. Mais les capacités d’accueil raisonnables et dignes, ça existe aussi. On ne fera jamais entrer quatre éléphants dans une 2CV, même en ouvrant la capote.

Ça pourrait faire consensus.

Depuis des années pourtant, d’une majorité à l’autre, on tourne autour du pot, on donne des gages aux radicaux. Un coup on lâche du lest et on laisse des pauvres s’entasser sur d’autres pauvres dans des taudis en attendant que ça pète ; un coup on joue les matamores, on organise des charters sans trop faire dans le détail et on envoie des flics démolir les tentes de ceux qui ont loupé l’avion.

Manifestement, ça ne marche pas. Ça aussi, ça pourrait faire consensus.

Faisons un rêve. Les vous, les moi (ça se met au pluriel, « moi » ?) et les gens pour lesquels nous votons —c’est-à-dire pas ceux pour lesquels votent les radicaux hémiplégiques— mettent enfin les cartes sur la table. On entérine que des nouveaux, il va y en avoir. Comme il fera froid en hiver et chaud en été. Et ils seront plus fréquemment Maliens que Suisses (du fromage, ils en ont déjà), ces nouveaux. On fait un « Grenelle » de l’immigration, des « états généraux », tout ce qu’on voudra… Un de ces gros débats folkloriques que le monde nous envie.

On en déduit exactement combien on peut en prendre chaque année en se montrant généreux. On leur fournit des visas pour leur éviter d’engraisser des passeurs en prenant le risque de couler sur un rafiot pourri et, à leur débarquement, on les accueille pour de vraià l’israélienne (désolé pour la référence si politiquement incorrecte) avec cours de langue, de civilisation, de fonctionnement institutionnel, de culture commune dans les rapports hommes-femmes et sur la place du religieux dans une société laïque… On les forme s’il le faut, en priorité dans les domaines où les boîtes peinent à recruter. La droite de la droite va gueuler, c’est sûr, mais on a dit qu’on s’en battait les pieds.

Et pour les autres, ceux qu’on ne peut malheureusement pas accepter parce qu’on en est déjà à trois éléphants et demi dans la 2CV ? On est poli mais ferme pour de vrai. On dit que ça n’est pas encore pour cette année. Désolé. On cite Rocard. Et c’est légitime puisque c’est une décision qui a été prise consensuellement, démocratiquement, pragmatiquement, mais aussi humainement. La gauche de la gauche va hurler, pas de doute, mais on a dit qu’on s’en tamponnait le coquillard.

Alternativement, bien sûr, on peut toujours continuer comme avant. C’est tellement chouette.

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