Atlantico : Ce mercredi débutent les universités d'été d'Europe Ecologie les Verts. Le parti se divise sur la question de sa présence au sein du gouvernement. « La difficulté pour Europe Ecologie, c'est la tentation d'être au gouvernement et d'être dans l'opposition en même temps » affirme Daniel Cohn-Bendit. Partagez-vous ce point de vue ?
Gabriel Cohn Bendit : Oui, c'est le problème d'appartenir à une coalition car cela sous-entend que l'on a des accords avec le parti majoritaire mais que les divergences existent et qu'elles doivent continuer à se faire entendre.
Les Verts ne peuvent pas constamment jouer au « oui non, non oui ». Toutefois, c'est la position de tout parti partenaire minoritaire d'une coalition politique.
Le fait d'entrer dans le gouvernement n'était pas une erreur, mais les Verts se trompent en essayant de continuer à jouer les opposants. Comme le disait parfaitement Chevènement « un ministre ça ferme sa gueule ou ça s'en va ».
Le risque n’est-il pas de se noyer dans les institutions et de perdre la mobilisation de la société civile ?
Les écologistes sont membres d'un petit parti qui a besoin de nouer des alliances pour gouverner. Leur principal problème est de penser qu'il y a une question prioritaire, en l’occurrence l'écologie, sur laquelle il existe un consensus ; et des positions divergentes sur toutes les autres questions, notamment sur l'Europe, sur les questions sociétales, sur les questions internationales...
Cela donne un parti qui en fin de compte se retrouve à l'extrême gauche sur l’échiquier politique car les positions qu'ils défendent sur les questions non écologiques reflètent plutôt cette sensibilité.
D’un autre côté, pour la première fois de leur histoire, les écologistes ont des représentants au gouvernement, au Sénat et à l'Assemblée. N’est-ce pas une victoire ? « On ne peut pas être à la fois dans la dénonciation de ce qui a été fait auparavant et en même temps ne pas se salir les mains quand on a l'opportunité de faire changer les choses » estime Pascal Durand…
C’est l’une des conséquences du succès d'Europe Ecologie en 2010 aux élections européennes. Grâce à elles, les écologistes ont pu passer des accords avec le PS aux régionales, aux sénatoriales et aux législatives. Ce n'est certainement pas le désastre de la présidentielle qui les a conduit au pouvoir !
Le principal problème, c'est que le parti vert a littéralement tué l'élan d'Europe Ecologie. D'où notamment la défaite cuisante d'Eva Joly.
Jean-Vincent Placé s’est rangé parmi les partisans d'un "non fédéraliste" au traité européen qui prévoit "la règle d'or" budgétaire. Partagez-vous sa position ?
Je ne partage pas son point de vue, mais il n'y a pas de raison qu'un écologiste défende la construction européenne, même si on peut penser que les problèmes liés à l'écologie, qui sont des problèmes à l'échelle mondiale, ont plus de chance d'être traité au niveau européen.
Les divergences sur la question européenne ont toujours existé et ce n'est pas l'écologie qui permettra de trancher la question.
Durant le mois de décembre, les écologistes de toutes les formations politiques, de Chantal Jouanno à José Bové en passant par André Chassaigne, vont se rencontrer pour trouver les points d'accords qui existent malgré les différences de sensibilité.
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