Vous avez remarqué ces mots sans aucun sens répétés tout au long de leurs interviews par les sportifs : « c’est juste », « voila » ou encore « c’est juste voila ! ». Tous ces mots béquilles ou expressions dans l’air du temps qui ont envahi notre langage, sans que nous en ayons conscience, et pour qui la plupart ne précisent en rien le message. A quoi servent-ils ? Ce sont des chevilles qui tiennent le discours, expliquent les sociologues. Sans eux, les sportifs (ou autres interviewés) qui parlent auraient l’impression que leur phrase est bancale. Cette prolifération, serait issue du syndrome télévision et radio, où le silence est totalement banni : « il faut impérativement remplir l’espace avec de nombreux mots destinés à prolonger la phrase ».
Aujourd’hui nos sportifs sont encadrés, coachés, surveillés, ils reçoivent les conseils de spécialistes (soi disant) de la communication. Terminée l’époque où l’entretien avec un sportif se transformait en silences, en « heuuuuuuuuu » ou bien en phrases sans aucun sens, du style « j’essayerai de faire mieux la prochaine fois ». Rien de tout cela aujourd’hui, nos chers athlètes sont des « communicants » et vous l’entendez tous les jours.
Pourquoi dire « absolument » ou « tout à fait » quand un bref « oui » suffirait ? Ces formules sont reprises ensuite par tous, non seulement parce nous les entendons sans arrêt, mais aussi parce que s’approprier le tic de quelqu’un est une manière d’essayer de lui ressembler. Le tic sert à créer une complicité dans un groupe social donné, une génération particulière. Imagine-t-on un sexagénaire asséner « c’est juste génial » tous les deux mots ? Pas plus qu’un jeune sportif ne dirait « je suis fier de ma performance ».
Ces tics de langages, dont les origines restent mystérieuses, sont des mots « paresseux ». Ce ne sont pas des outils de communication. Ils servent à faire le bruit de la parole, sans contenir aucun sens, un peu comme la musique des supermarchés sert à endormir le client. Un moyen que les coachs en communication ont trouvé pour que le sportif (car c’est ici notre exemple) tente de rassurer celui qui écoute. Il essaye de lui dire « tu vois, je parle la même langue que tout le monde » ; la recherche de complicité et d’identification prime sur tout le reste. C’est ainsi que la répétition en boucle des « voila » et autres « c’est juste » composent des bruits proches des onomatopées du bébé que sa mère comprend à demi mot.
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