La sempiternelle accusation d’homophobie
Il y a bien sûr le chantage à l’homophobie. S’opposer au mariage unisexe serait faire preuve d’homophobie. Comme disait Muray, "la cage aux phobes est ouverte, garez-vous". A entendre ceux qui parlent comme cela, aucune prise de position rationnelle ne serait possible : l’homo politicus ne serait mû que par ses plus bas instincts.
De même que les homosexuels seraient obligés d’être pour le mariage en raison de leurs orientations sexuelles (y a-t-il pire homophobie que de penser cela ?), quiconque est contre ne saurait être mu que par la phobie des homosexuels. Un tel chantage est, lui aussi, une manière totalitaire de clore le débat.
On lance ce genre d’invective comme si les positions des uns et des autres ne pouvaient se déterminer en raison, en fonction des intérêts, non de tel ou tel groupe mais de l’État, de la République. C’est pourtant sur ce seul plan qu’il faut débattre. Et c’est sur ce seul plan que les opposants au mariage homosexuel prétendent se placer.
« Mais s’ils s’aiment ! »
Chantage à l’amour ensuite. S’ils s’aiment (les homosexuels) pourquoi n’auraient-ils pas eux aussi le droit de se marier ? Mais les officiers d’état-civil n’ont jamais été là pour border les lits ! Il y a des tas de gens qui s’aiment et qui n’ont pas besoin pour cela de convoquer la République à "reconnaître leur amour".
Deux frères, deux sœurs vivant ensemble, un père et sa fille (hors de tout inceste, bien sûr) peuvent vivre ensemble des années ; pourtant la loi ne leur accorde, s’agissant de frères et sœurs, aucune reconnaissance, même pas en matière de succession. Quatre amis peuvent jouer aux cartes tous les soirs au même bistrot depuis trente ans sans avoir besoin d’une reconnaissance légale. Le mariage est un contrat, c’est aussi une institution sociale qui n’a d’autre finalité que le bien de la société ; et elle vise d’abord à régler la filiation. Même s’il vaut mieux que les époux aient quelque sentiment l’un pour l’autre, ce n’est pas à la société d’en juger, ni à l’Etat d’y apposer son label.
Qui est vraiment libéral ?
Chantage au libéralisme. Ne pas vouloir de mariage homosexuel, ce serait s’opposer à une mesure de libéralisation. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’ultra-libéraux, faute d’avoir réfléchi à la question, y sont favorables. Or c’est exactement le contraire. La République n’a pas à se mêler des sentiments et a fortiori de la sexualité. Si l’institution du mariage existe de temps immémorial, c’est d’abord pour régler la filiation (et donc les successions et autres questions patrimoniales qui, elles, importent à la République). D’autant que, la nature étant ce qu’elle est, il faut 15 ou 20 ans pour faire un homme et non deux mois comme un chat ! Un cadre stable est donc nécessaire ; dès lors qu’il est admis que le ménage homosexuel n’est pas l’idéal pour élever un enfant, en instituant le « mariage » homosexuel, l’État, pour la première fois, s’intéresserait à la sexualité en tant que telle ! Est-ce là du libéralisme ? Il ne fait que reconnaître une solidarité de fait, dira-t-on ? Mais alors pourquoi en exclure, comme c’est le cas du pacs, les ménages frère et sœur, père et fille, mère et fils, les communautés religieuses, etc. ?
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