Delphine Ernotte se défend… alors que personne ne l’attaque
Au siège de France Télévisions, depuis quelques semaines, une lettre circule, écrite par un mystérieux corbeau apparemment bien informé. Ce courrier prétend que Delphine Ernotte, au moment de son départ de France Telecom (où elle était directrice exécutive), était engagée dans une procédure de licenciement. Pourquoi c’est crédible ? Parce que son départ faciliterait les discussions avec Bouygues Telecom, que Stéphane Richard, patron d’Orange, souhaite racheter. Une opération qu’elle ne voyait semble-t-il pas d’un bon œil, craignant de perdre son job au profit d’Olivier Roussat, actuel PDG de Bouygues Telecom.
Bref, Ernotte exfiltrée, les affaires peuvent reprendre… D’ailleurs Stéphane Richard s'est livré à un véritable plaidoyer défendant l’intérêt de ce rachat, à l’occasion de ses vœux mi-janvier.
Question courrier, il en est un autre que Delphine Ernotte aurait préféré ne jamais voir écrit : celui qu’ont envoyé les représentants syndicaux CFDT et CGC de France Télévisions au Conseil d’Etat pour contester les conditions de sa nomination par le CSA. Les centrales syndicales évoquent notamment de possibles liens entre la présidente de France Télévisions et Sylvie Pierre-Brossolette, ancienne journaliste du Point et actuelle membre du CSA.
Du coup, pour contrattaquer, Ernotte s’est fendue d’un « mémoire en défense » de 31 pages (cas inédit dans l’histoire de France TV et du CSA), reprenant dans le détail tout le processus l’ayant hissé à la tête du groupe. Problème, on ne se défend que si l’on est attaqué, or les syndicats ne mettent absolument pas son intégrité en cause, mais s’en prennent au CSA. Pourquoi dans ce cas faire appel à un cabinet d’avocats (la SCP Rocheteau et Uzan-Sarano) pour rédiger un document fleuve ? S’il semble un peu hâtif d’y voir un aveu de culpabilité, impossible en tout cas de ne pas y discerner le gage d’une certaine fébrilité. Ernotte se sentirait-elle un peu nerveuse, aurait-elle peur qu'on lui reproche de nouveau son manque d'expérience dans les médias ?
Le feuilleton de la nomination d'Ernotte à la tête de France Télévisions continue
En parallèle de cette guerre juridique, la guerre politique continue à faire couler de l'encre dans la presse. Le 26 janvier, sur LCP, Olivier Schrameck redisait haut et fort que le CSA avait agit en toute indépendance au moment de désigner le remplaçant de Rémy Pflimlin. Et le lendemain, invité de Cyril Viguier sur la même chaîne, David Assouline, Sénateur socialiste et Vice-président de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat, réclamait des auditions publiques des candidats, pour juger certes de manière indépendante, mais aussi de manière transparente. "C'est le fait que ce soit opaque qui crée le doute". Schrameck a dû apprécier.
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