Atlantico : Que disent les résultats de cette étude CSA pour Atlantico des attentes des sympathisants de droite ? La bonne ou mauvaise perception de certains mots est-elle révélatrice de certaines aspirations politiques ?
Vincent Tournier : Ce qui est le plus frappant, c’est de voir que les valeurs les plus ancrées à droite sont celles qui sont les plus consensuelles dans la société française. Ces valeurs combinent à la fois des grands principes (la liberté, l’égalité), des valeurs morales (la famille, les traditions) et des valeurs économiques (le travail, les entreprises). Ces valeurs transcendent les clivages politiques. Elles correspondent donc à une certaine culture nationale dans laquelle les Français se reconnaissent assez bien.
Pour le dire autrement, il n’y a pas de véritable choc frontal et massif sur le terrain des valeurs, même si on peut penser que la gauche et la droite ne définissent pas exactement ces valeurs de la même façon. On peut prendre l’exemple de la famille : tout le monde valorise la famille, mais la définition n’est pas consensuelle, comme l’ont montré les polémiques sur le mariage homosexuel.
Bernard Sananès : On constate tout d'abord un attachement des sympathisants de droite à des valeurs traditionnelles comme la famille, la liberté, le travail, … on sait que la famille est aujourd’hui une valeur dominante de la société française, c'est une valeur refuge qui dépasse les clivages partisans. Par ailleurs on est frappé par la tentation protectionniste avec le recul de l’idée européenne, qui reste néanmoins nettement majoritaire à droite, et de la perception de la mondialisation. C’est la traduction d’une déception vis-à-vis d'une Europe qui ne protège pas d'une mondialisation perçue comme menaçante d'abord pour l'emploi.
Une autre donnée intéressante concerne les Etats-Unis dont l'image s'est améliorée de 22 points depuis 2006. Cela est notamment lié au fait que la politique des Etats-Unis est perçue par l'opinion moins hégémoniste, et aussi évidemment qu’Obama transcende les clivages politiques à l’étranger alors qu'en 2006 Bush clivait fortement et négativement les opinions publiques
Par rapport à la perception que les sympathisants de droite avaient de ces mots en 2006, quelle évolution constate-t-on ?
Vincent Tournier : Les études sociologiques nous apprennent que, dans l’ensemble, les valeurs évoluent plutôt lentement. Dans cette enquête, on perçoit cependant quelques inflexions intéressantes. On voit tout d’abord que l’image des Etats-Unis s’est améliorée mais il faut rappeler qu’en 2006, on était peu de temps après le clash entre Jacques Chirac et George W. Bush sur l’intervention en Irak. Globalement, l’antiaméricanisme est peu répandu dans l’opinion publique, il existe plutôt chez les intellectuels. Cela ne signifie pas que les Français revendiquent le modèle américain puisque le mot libéralisme connaît plutôt une certaine baisse (- 7).
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