Les conseils d'administration d’Areva et EDF viennent de donner l'ultime feu vert à l'opération de prise de contrôle par l'électricien de la division réacteurs du groupe nucléaire. Cette opération s’inscrit dans un contexte marqué par les difficultés importantes qu’a connues la filière nucléaire française.
Disons-le sans ambages : le retour au premier plan de la filière nucléaire française n’est pas seulement une question industrielle d’importance. Il s’agit d’un événement majeur, pour trois raisons essentielles.
D’abord, l’énergie d’origine nucléaire, pour peu qu’elle ne soit pas envisagée de manière exclusive mais bien en complément d’autres énergies, est un atout clé pour limiter les effets des changements climatiques.
N’émettant pas de CO2 pour produire d’électricité, les centrales nucléaires permettent de disposer d’une forte puissance thermique et électrique, à coûts prévisibles. Il n’est pas inutile de s’en servir, au moment où vient de se fermer le sommet de Paris au cours duquel un ton franchement pessimiste a pris le relais des espoirs soulevés deux ans plus tôt à l’occasion de la COP21, et où un pays comme l’Allemagne s’aperçoit qu’il ne tiendra pas ses engagements en matière d’émission de CO2.
Ensuite, depuis les années 1960, la filière électronucléaire française est l’un des piliers du savoir-faire technologique de notre pays. Le Commissariat à l’Energie Atomique et les entreprises de la filière ont été à l’origine de nombreuses innovations technologiques, succès exports et emplois durables. Alors que sera bientôt mise en route la première centrale de Génération III+ à Taishan (2 réacteurs type EPR), il est utile de s’en rappeler.
Enfin, en matière nucléaire, si la question de souveraineté nationale est à l’évidence centrale, la nécessité de coopérer avec les autres pays et leurs industriels est également essentielle. Euratom, creuset de l’Europe communautaire, est bien là pour nous le rappeler. Plus proche de nous, des coopérations importantes ont été mises en œuvre, par exemple avec la Russie, sur l’amont du cycle du combustible notamment, mais aussi dans les domaines de l’innovation et de la construction.
Dans un tel contexte, il faut prendre la mesure des efforts technologiques continus qui sont menés par la filière nucléaire, et qui placent, par nature, cette industrie à la fois à l’extrême pointe de la technologie, et dans le temps très long qui est celui de la recherche, de la conception, de la construction, de l’exploitation, de la prolongation et du démantèlement. En voici deux exemples.
Premier exemple, les développements, notamment en matière de gestion numérique, qui irriguent le nucléaire pour la conception, la construction et l'exploitation des installations. En témoigne la méthodologie Multi-D, développée par la filiale ASE du groupe Rosatom en coopération avec Dassault Système, qui permet aux entreprises EPC (Engineering Procurement Construction) de créer un véritable jumeau numérique du projet pour gérer la construction et l'exploitation de grandes infrastructures.
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