C’est un sondage qui, en apparence, ne casse pas trois pattes à un canard: 53% des Britanniques sont pour un « brexit » une sortie de l’UE. Le plus intéressant ce sont les raisons de la progression de ce score : 34% des personnes interrogées disent avoir été influencées par les agressions sexuelles de Cologne et les sanglants attentats de Paris. Notons qu’il s’agit d’un pays-la Grande Bretagne- qui jouit déjà d’un statut dérogatoire : la livre sterling est toujours là, on continue à rouler à gauche, nombre de prescriptions normatives de Bruxelles ne traversent pas la Manche.
C’est dire si le sondage témoigne d’un rejet extrêmement fort de l’Europe en Grande Bretagne.
Les Anglais voient ce qu’ils voient et entendent ce qu’ils entendent. Leurs télévisions ont leurs caméras braquées en permanence sur Calais. En boucle défilent les images de migrants attaquant des camions, envahissants le tunnel sous la Manche pour tenter de monter de force à bord de l’Eurostar. Et les Anglais se disent : « Quel bonheur d’habiter une île ! »
Les Anglais entendent les noms et voient les têtes de ceux qui ont assassiné à Paris en janvier 2015 puis en novembre. Leurs tabloïds n’ont jamais fait dans la dentelle. Des photos de Coulibaly et des frères Kouachi : « C’est ça la France, c’est ça l’Europe? » L’image de Yassin Salhi qui a décapité son patron dans l’Isère a eu, elle aussi, beaucoup de succès dans la presse britannique avec ce message subliminal : « Vous avez envie d’être français, vous avez envie d’être européen comme le sont les Français? ». Sans oublier non plus Molenbeek, localité belge célèbre en tant que pouponnière de djihadiste et bien sur Cologne avec ses scènes immondes. Pas sur que les Anglais fassent vraiment la différence entre migrants et immigrés…
Aujourd’hui, l’Europe a sale gueule. Une gueule à justifier tous les contrôles au faciès. Elle apparait sous les traits grimaçants des djihadistes assassins. Elle a la tête de migrants obsédés sexuels. Il s’agit là d’un changement radical dans la perception du rejet de l’Union européenne.
Pendant longtemps, l’eurosceptique moyen épaulé par les souverainistes de gauche et de droite se contentaient de vociférer contre notre soumission à la commission de Bruxelles. On jugeait inacceptable qu’un organisme supra-national nous impose notre budget, insupportable que cet organisme dicte des cures d’austérité à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal. Et les normes tatillonnes bruxelloises, venaient rajouter à ce désamour. Aujourd’hui, il s’agit de toute autre chose. De l’identité même de l’Europe.
Le phénomène ne concerne pas que la Grande-Bretagne. Comme une lame de fond, il balaye tout le continent. Avec des vagues particulièrement fortes dans l’Europe post-communiste où nombre de dirigeants n’hésitent pas à parler comme Donald Trump: « Il faut contrôler les musulmans. » Pourquoi chez eux plus qu’ailleurs? Parce qu’après plus de 40 ans de communisme, leur identité européenne est relativement fraiche et ils y tiennent d’autant plus. Mais pour eux, l’Europe ça ne peut être ni Calais, ni Cologne, ni Molenbeek, ni Bobigny, ni Roubaix, ni Saint-Denis. On les qualifie d’anti-européens, ce qui est, pour le moins, une grande facilité journalistique.
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