L'homme n'apprend jamais. Pourtant ! Ne pas vendre la peau de l'ours... Un classique. Eh bien non. Quittant Damas en octobre 2011, l'ambassadeur des Etats-Unis recrute déjà le (tout proche) gouvernement post-Assad. Début mars 2012, l'ambassadeur français annonce son retour dès Bachar tombé, "dans deux mois", dit-il alors.
Quatre ans ont passé. Comme toutes, la sanglante guerre civile a eu ses hauts et ses bas. Et à Damas, combien a-t-on tremblé durant l'interminable attente.
Car il fallait attendre, disaient les alliés à Téhéran et à Moscou. Attendre que l'embargo soit levé sur l'Iran, que la République islamique respire et récupère ses 24 milliards de dollars bloqué de par le monde.
Attendre que Moscou ait bien ferré les occidentaux à l'appât des négociations et que ces naïfs aient gelé les envois d'armes aux rebelles. Un piège dont les Russes, dotés de mémoire, savent qu'il avait si bien paralysé le camp républicain durant la Guerre d'Espagne (1936-1939)... Et puis, la bataille de Syrie est familière pour la Russie : une Tchétchénie-bis. Les plans sont là et l'expérience fraîche - Grozny est tombée en 2000.
Mais sur le terrain syrien, attendre - sans pourtant rester inactif. Dès 2012, le régime tchétchène pro-Russe de Ramzan Kadyrov truffe d'espions les volontaires du Caucase rejoignant l'Etat islamique. Trois ans à radiographier son armée, à transmettre ; des commandos sur place - là aussi, attendant l'heure...
De même, Téhéran recrute et entraîne des milliers de miliciens Hazaras chi'ites, rugueux montagnards turco-mongols du centre de l'Afghanistan. L'Iran craint une nouvelle guerre ? Les frères afghans iront en Syrie - ils ont la guerre dans le sang.
En septembre 2015, l'assaut sur la Syrie rebelle s'amorce dans des bases russes de la côte du pays. Premiers bombardements début octobre. Les grands médias font la moue... Les Russes ne bombardent pas ceux qu'ils devraient... Du saupoudrage... L'armée de Bachar piétine...
En janvier 2016, tout bascule. Un ouragan de feu s'abat sur le nord-ouest de la Syrie. Des observateurs rentrent hagards - l'un d'eux dit à l'auteur "C'est Stalingrad". Sous couvert du déluge d'obus et de bombes, l'arc chi'ite attaque : armée de Bachar, miliciens du Hezbollah, Hazaras, volontaires chi'ites irakiens et azéris.
Hier encore, les "experts" affirmaient que la Russie en (réelle) crise économique et financière, ne saurait combattre durablement. Or à Moscou, on rigole : " Sauf pour le high-tech, nous vidons les immenses arsenaux soviétiques. On déstocke...".
Fin janvier 2016, les localités du nord d'Alep (capitale économique de la Syrie) tombent l'une après l'autre. La rébellion : "Armée Syrienne libre", "Front al-Nosra", "Ahrar as-Sham", est en fuite ou bientôt encerclée.
Plus au nord, vers la frontière turque, la Russie encadre et arme les milices kurdes - lourde gifle à la Turquie d'Erdogan. A l'automne 2015, rebelles et islamistes accédaient encore à 250 kilomètres de frontière turco-syrienne. Fin janvier 2016, il reste, sur 60 km., trois passages sûrs. Après, ce sera la nasse.
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