Pour chacun des candidats suivants à la présidentielle 2017, nous avons demandé à Yves-Marie Cann, directeur des études politiques chez Elabe, de dresser un portrait de la sociologie de son électorat, en tenant compte du niveau de revenus et du niveau d'études. Virginie Martin a ensuite commenté ces résultats.
François Fillon
Après plusieurs semaines sous le feu des soupçons d’emplois fictifs, le principal candidat de la droite et du centre a vu son socle électoral s’éroder assez sensiblement.
Sa baisse semble toutefois être enrayée, révélant à cette occasion le profil sociologique de son noyau dur électoral. Plus précisément, les intentions de vote exprimées en faveur de François Fillon mettent à jour un double clivage. Le premier s’avère générationnel : il recueille plus de 40% des intentions de vote exprimées par les personnes âgées de 65 ans et plus, tandis qu’il ne parvient pas à dépasser les 20% dans les autres classes d’âge. S’ajoute à ceci un clivage socioprofessionnel au sein de la population active : si 21% des classes moyennes et supérieures ont l’intention de voter pour François Fillon, il ne recueille que 9% parmi les milieux populaires, plus exposés aux aléas économiques et davantage touchés par le précariat.
Emmanuel Macron
L’électorat potentiel d’Emmanuel Macron apparaît nettement plus hétérogène que celui des autres candidats au premier tour de l’élection présidentiel. Alors qu’il vise à dépasser les clivages politiques traditionnels, l’amplitude des scores s’avère assez faible d’une classe d’âge à l’autre, par comparaison avec les principaux candidats. Il recueille ainsi 23% des intentions de vote chez les 18-24 ans, 19% chez les 35-49 ans, et 15% à 16% chez les plus de 50 ans. De même, s’il obtient ses meilleurs scores auprès des classes moyennes et supérieures (24%), Emmanuel Macron atteint des niveaux non négligeables auprès des catégories populaires (16%) regroupant les employés et les ouvriers, devant Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon (14% chacun).
Marine Le Pen
L’électorat potentiel de Marine Le Pen est le plus typé à ce stade la campagne présidentielle, avec un double clivage : à la fois générationnel et socioprofessionnel. Toutes classes d’âge confondues, elle recueille son plus mauvais résultat auprès des personnes âgées de 65 ans et plus (16%) alors qu’elle tutoie, voire dépasse les 30% dans toutes les autres classes d’âge. Mais c’est au sein de la population active qu’apparait la fracture la plus nette : Marine Le Pen recueille jusqu’à 43% des intentions de vote chez les ouvriers, contre seulement 15% chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures.
Benoît Hamon
L’électorat de Benoît Hamon présente, à ce stade de la campagne électorale, peu d’aspérités. Il recueille 14% d’intentions de vote dans les milieux populaires et jusqu’à 18% chez les classes moyennes et supérieures. Plus précisément, c’est auprès des professions intermédiaires (à forte proportion d’emplois publics issus des secteurs de l’éducation et de la santé) qu’il obtient son meilleur score aujourd’hui (21%). S’il séduit une proportion non négligeable d’actifs, il peine en revanche à convaincre les retraités, parmi lesquels seuls 9% expriment une intention de vote en faveur du candidat du Parti socialiste et de ses alliés de la "Belle alliance populaire".
Jean-Luc Mélenchon
Le candidat de la "France insoumise" talonne aujourd’hui Benoît Hamon dans les enquêtes d’intentions de vote, phénomène qui se vérifie en analysant de façon plus détaillée la composition de son électorat potentiel. Les segments de force et de faiblesse de Jean-Luc Mélenchon s’avèrent ainsi comparables à ceux de Benoît Hamon en termes de classes d’âge. En termes de catégories socioprofessionnelles, on notera en revanche que la personnalité et le positionnement de Jean-Luc Mélenchon séduisent une fraction non négligeable d’ouvriers (17%) alors qu’il peine à convaincre les cadres et les professions intellectuelles supérieures (9%).
Nos articles sont ouverts aux commentaires sur une période de 7 jours.
Face à certains abus et dérives, nous vous rappelons que cet espace a vocation à partager vos avis sur nos contenus et à débattre mais en aucun cas à proférer des propos calomnieux, violents ou injurieux. Nous vous rappelons également que nous modérons ces commentaires et que nous pouvons être amenés à bloquer les comptes qui contreviendraient de façon récurrente à nos conditions d'utilisation.
Depuis son lancement Atlantico avait fait le choix de laisser ouvert à tous la possibilité de commenter ses articles avec un système de modération a posteriori. Sous couvert d'anonymat, une minorité d'internautes a trop souvent détourné l’esprit constructif et respectueux de cet espace d’échanges. Suite aux nombreuses remarques de nos lecteurs, nous avons décidé de réserver les commentaires à notre communauté d’abonnés.