Sept semaines, il aura fallu pas moins de sept semaines à Thierry Lepaon, le secrétaire général de la CGT, pour oser aller défendre "son honnêteté" dans les médias après les révélations, fin octobre, sur ses frasques financières à répétition.
Un retard à l’allumage qui en dit long sur la fragilité extrême de sa position d’autant que, quoiqu’il prétende et quoi que ses soutiens martèlent, aucun contrôle sérieux sur une partie entière de ses multiples dépenses n’a eu véritablement lieu.
D’ailleurs, dans le genre effets de manches et simulacre de transparence, Lepaon, avant d’aller se confondre dans les médias, avait déjà rodé son argumentaire le 9 décembre 2014 devant la commission exécutive confédérale, la CEC.
Une confession totalement surréaliste dont Altantico s’est procuré le compte rendu qui est désormais en ligne.
Chacun pourra ainsi constater qu’en matière de d’argent, Lepaon n’a pas forcément les critères partagés traditionnellement à la CGT.
"Les rumeurs les plus folles circulent", explique ainsi Thierry Lepaon, "je vais donc vous livrer toutes les informations me concernant permettant de rétablir quelques vérités".
100 000 € pour le transfert de Lepaon de la CGT à la CGT
Et de commencer par fournir sa version de la "prime" de 31 000 € versée par le comité régional de Basse Normandie. "D’abord, se justifie-t-il, "il ne s’agit pas, comme la presse l’a écrit, d’une rupture conventionnelle mais d’une prime de départ puisque j’ai démissionné du comité régional pour arriver à la confédération".
Problème : c’est lui-même qui a confirmé à l’Express le 1er décembre dernier l’existence de la transaction dont il ne se souvenait plus le montant… Devant la CEC il affirme que cette "indemnité, déclarée, s’élève exactement à 26 650 euros" et qu’il l’a "acceptée… sans imaginer que cela pouvait poser problème". Evidemment, ne pas comprendre que quitter la CGT Normandie tout en restant à la CGT Montreuil ne méritait pas forcément une grosse prime de transfert, représente un problème en soi.
En réalité, Lepaon, en citant le chiffre de 26 650 € se trompe ostensiblement dans les calculs. En effet, selon les chiffrages présentés par Alain Alphonse-Layre, toujours le 9 décembre dernier (voir document), Lepaon a bien touché de l’organisation normande "le 2 avril 2013 une indemnité de départ de 31 000 euros correspondant à :
- 26 500 € sur la base de 1 mois par ancienneté sur la base de la rémunération nette moyenne des 6 derniers mois (ndlr : soit 4441 € net mensuel)
- 1 025 € part du treizième mois pour le 1er trimestre 2013
- 3 325 € de congés payés en 2013".
Sommes auxquelles il convient d’ajouter les charges patronales, 22 000 € (charges à priori très élevées qui demanderaient explication) , et salariales 7000 € (ce qui signifie que Lepaon s’est fait offrir ses propres charges salariales par la CGT), soit un total de 60 000€, à laquelle il faut, parait-il, ajouter 5 000 euros de frais de représentation dont on ne sait pas d’où ils sortent.
Mais les dépenses en faveur de Thierry Lepaon ne s’arrêtent pas là : Alain Alphon Layre rappelle que Montreuil a aussi pris à sa charge
"en 2012, des frais exceptionnels de septembre à décembre d’une hauteur de 8400 €" (ndlr : soit une moyenne de 2 100 euros de frais mensuels, somme plus que rondelette pour des restaurants, tabac…)
"en 2013, les salaires et cotisations de Thierry entre janvier et mars, période où il était à la confédération et toujours payé par le Comité Régional pour 26 600 €". Soit plus de 6 827 euros brut par mois"
Au "total, rappelle Alphon Layre , la confédération a payé 100 830 € au Comité régional". Ce qui fait beaucoup d’argent le simple transfert du secrétaire général qui explique à tout va qu’il "vit comme un ouvrier".
Une voiture de fonction payée rubis sur l’ongle
Outre d’importants frais, Thierry Lepaon, révèle en second lieu qu’il s’est fait payé rubis sur l’ongle une voiture par la confédération. Mais sans donner de chiffre car là encore cela pourrait effrayer le syndiqué de base. En interne, il se murmure que le prix de la berline dépasserait le 20 000 euros. "La confédération, précise-t-il, a racheté au comité régional de Normandie la voiture de fonction qui était mise à ma disposition…".
5200 euros de salaire
"Mon salaire avait été fixé initialement par la confédération à 5200 €, dévoile Thierry Lepaon dans sa confession. J’ai considéré que ce montant, même s’il peut paraître justifié, était trop élevé pour un Secrétaire général de la CGT. J’ai donc demandé à ce qu’il soit ramené à 4000 euros". Avec un treizième mois, tout de même…
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