"Je pense que l’on croit que d’une certaine manière tout le système à Washington est contre le citoyen de base. Les gens ont cette impression parce qu’ils ont raison : il est tourné contre le citoyen ordinaire et il favorise les riches".
C’est ce que dit Tom Downey (ancien élu du Congrès, à New York, qui a fondé la puissante société de lobbying Downey McGrath Group, Inc) l’un de ceux qui parlent dans Meet the Donors, un documentaire qui a été diffusé sur la chaîne HBO.
Ce film est signé Alexandra Pelosi, la fille de la leader démocrate de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi.
Le film fait brièvement état d’un affrontement entre Pelosi Junior et un lobbyiste de droite qui a violemment attaqué sa mère en la présentant comme le monstre Godzilla qui détruit une ville. Mais, malgré cette affaire familiale, le documentaire est un regard impartial sur l’influence de l’argent qui corrompt la politique, tout en montrant comment la démocratie américaine est devenue une ploutocratie. C’est l'exaspération des Américains face à ce système corrompu, qui a, en partie, permis l’émergence de candidats populistes comme Bernie Sanders, ou Donald Trump.
L’année dernière le New York Times a publié une étude inquiétante montrant que 158 riches familles ont versé près de 50 % des fonds levés par les candidats à la Maison blanche. Des donateurs qui sont, pour la plupart, des hommes blancs, riches, et vieux, issus de la finance et du secteur de l’énergie.
"A elles seules, 158 familles, et les sociétés qu’elles contrôlent, ont versé 176 millions de dollars dans la première partie de la campagne", estime l’enquête du New York Times. Jamais depuis l’affaire du Watergate, si peu de personnes et de sociétés n’ont fourni autant d’argent au début d’une campagne, en passant généralement par des canaux devenus légaux grâce à la loi Citizens United, une décision de la Cour Suprême prise il y a cinq ans.
La décision sur "Citizens United v. Federal Election Commission" a changé les règles du jeu, permettant aussi bien aux organismes à but lucratif ou non lucratif d’être considérés comme des personnes ordinaires, ce qui, de fait, interdit au gouvernement de contrôler les dépenses électorales. Cela a conduit à la création des super PAC, ou Political Action Committees, qui permettent à des particuliers, des entreprises, et d’autres organisations de verser de grosses sommes d’argent pour influencer les élections, principalement via des spots télévisés agressifs. Le stratège conservateur Karl Rove supervisait ces super PAC qui ont versé plus de 300 millions de dollars aux candidats républicains pendant l’année électorale 2012.
Meet the Donors évoque certains aspects historiques inattendus, expliquant comment argent et politique vont de pair en Amérique depuis l’époque des Founding Fathers (Pères Fondateurs). Exemple : George Washington a utilisé les fonds levés pour sa première campagne politique pour fournir de l’alcool à des électeurs assoiffés, alors qu’Andrew Jackson a inauguré le "spoils system" (système des dépouilles) lorsqu’il a remplacé beaucoup d'employés au sein de l’administration pour y placer ceux qui l’avaient soutenu.
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