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La duperie financière sur laquelle est fondée et prospère l'énergie éolienne en France
©RAYMOND ROIG / AFP

Bonnes feuilles

Pierre Dumont et Denis de Kergolay se sont intéressés au développement de l'énergie éolienne en France. Ils viennent de publier "Eoliennes : chronique d'un naufrage annoncé" aux éditions François Bourin. L'essor des éoliennes en France, destructrices du patrimoine et de notre potentiel touristique, n’obéit à aucune logique climatique ou économique. Il donne lieu à des montages financiers souvent opaques qui ne profitent qu’à un petit nombre d’initiés, alors que c’est l’ensemble des Français qui, par leurs impôts et les taxes perçues sur les factures d’électricité, supportent le coût insensé de cette politique irresponsable. Extrait 2/2.

Pierre Dumont

Pierre Dumont

Pierre Dumont est chef d’entreprise. Il dirige une société familiale bicentenaire, elle-même engagée dans d’autres énergies renouvelables. Il mène, depuis de nombreuses années, un combat acharné pour préserver des éoliennes les sites emblématiques du pays de George Sand et de la Vallée des Peintres, entre Bas-Berry et Creuse.

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Denis de Kergolay

Denis de Kergolay

Denis de Kergorlay est un acteur de longue date du monde associatif dans le domaine de l’environnement (Les Amis de la Terre), de l’action humanitaire (Médecins Sans Frontières) et de la défense du patrimoine culturel (La Demeure Historique, Europa Nostra, French Heritage Society).

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Dès 2008, Valéry Giscard d’Estaing dénonçait, à propos de l’éolien, « un gaspillage inacceptable des fonds publics, un discours officiel trompeur, un “business” souvent douteux ». 

Déjà, tout était dit ! 

Rappelons la duperie financière sur laquelle est fondée et prospère l’énergie éolienne en France. À l’origine du « système » figure l’obligation faite à EDF d’acheter l’électricité éolienne à un prix très supérieur au prix du marché. 

Ce dispositif était le prix à payer pour convaincre les opérateurs de se lancer dans l’aventure. Sans lui, il n’y aurait pas d’éoliennes en France.

Début 2017, à la suite d’un recours d’opposants auprès de la Cour de justice de l’Union européenne, la France fut contrainte d’abandonner ce modèle de subvention. Mais qu’à cela ne tienne : il suffit de le remplacer par un autre système de soutien. 

Ainsi, désormais, les producteurs d’électricité d’origine éolienne doivent vendre eux-mêmes leur énergie sur le marché de gros, mais perçoivent une prime dans le cas où la différence entre le tarif de référence et le prix du marché est positive. Dans le cas où cette différence est négative, ce qui n’arrive évidemment jamais, ils sont censés reverser le surplus perçu. La décision de la Cour de justice de l’Union européenne a donc été contournée. L’attrait financier pour le promoteur reste le même. 

Cette obligation d’achat est renforcée par la loi NOME (Nouvelle organisation des marchés de l’électricité) du 7 décembre 2010, qui oblige EDF à revendre à ses concurrents 25 % de sa production à 42 euros le MWh alors qu’elle est contrainte de l’acheter 85 euros aux producteurs éoliens. 

Depuis lors, un arrêté du 13 décembre 2016 a fixé le tarif de référence pour l’éolien terrestre à 82 euros le MWh pour les dix premières années du contrat, ce tarif variant selon la durée annuelle de fonctionnement pour les cinq années suivantes. Ce dispositif s’applique aux installations comprenant au maximum six éoliennes de moins de trois MW chacune. Au-delà, le niveau de rémunération est déterminé par une mise en concurrence dans le cadre d’un appel d’offres. Dans la pratique, les promoteurs se sont immédiatement adaptés à cette « contrainte » apparente, en développant des parcs de six éoliennes maximum – juste en deçà du seuil de l’appel d’offres –, favorisant le mitage du territoire. Alors que le prix de gros de l’électricité en France est passé de 60 euros le MWh en 2011 à 35 euros le MWh en 2017… 

Ce système est à ce point tentant qu’il est à l’origine de la « bulle » de l’éolien qui s’est créée au milieu des années 2000 lorsque, sous la pression des États, les grands producteurs d’énergie ont commencé à s’intéresser aux énergies renouvelables. 

De grandes institutions telles que le Crédit Agricole, la Caisse des Dépôts, Engie, EDF Énergies Nouvelles, mais aussi des entreprises étrangères, comme Ikea ou Abo Wind, ont développé des filiales spécialisées dans la promotion éolienne. 

D’où l’« écumage » systématique du territoire français, commune après commune, par des prospecteurs à l’affût du moindre terrain disponible. 

Comme nous le confiait récemment un avocat sollicité par des opposants aux éoliennes, « il est difficile de s’opposer aux éoliennes. Il y a trop d’argent à gagner »…

Mais il y a aussi les perdants du système : ceux qui le financent– à leur insu –, à savoir  les ménages français et tous les consommateurs d’électricité.

Extrait de  "Eoliennes : chronique d'un naufrage annoncé", de Pierre Dumont et Denis de Kergorlay, aux éditions François Bourin

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