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Les effets indésirables et catastrophiques des éoliennes sur nos paysages, nos territoires et nos monuments historiques
©GEORGES GOBET / AFP

Bonnes feuilles

Pierre Dumont et Denis de Kergolay se sont intéressés au développement de l'énergie éolienne en France. Ils viennent de publier "Eoliennes : chronique d'un naufrage annoncé" aux éditions François Bourin. Ils abordent notamment dans cet ouvrage l'opposition croissante de la part des riverains contre les éoliennes qui menacent leur environnement et leur santé. De plus en plus de citoyens sont en effet révoltés par le saccage de leurs paysages et le gaspillage des deniers publics. Extrait 1/2.

Pierre Dumont

Pierre Dumont

Pierre Dumont est chef d’entreprise. Il dirige une société familiale bicentenaire, elle-même engagée dans d’autres énergies renouvelables. Il mène, depuis de nombreuses années, un combat acharné pour préserver des éoliennes les sites emblématiques du pays de George Sand et de la Vallée des Peintres, entre Bas-Berry et Creuse.

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Denis de Kergolay

Denis de Kergolay

Denis de Kergorlay est un acteur de longue date du monde associatif dans le domaine de l’environnement (Les Amis de la Terre), de l’action humanitaire (Médecins Sans Frontières) et de la défense du patrimoine culturel (La Demeure Historique, Europa Nostra, French Heritage Society).

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Le choc est brutal lorsque l’on constate l’indifférence de nos dirigeants de tous bords face à la question de la destruction des paysages. À entendre les responsables politiques discourir à l’envi sur les atouts de la France et évoquer, en tête de liste, ses paysages et la beauté et l’authenticité de ses territoires, on ne peut qu’être pris de vertige devant cette contradiction flagrante : ceux-là mêmes qui mettent en avant la diversité des paysages français et le capital qu’ils représentent pour notre industrie touristique sont aussi les promoteurs de l’énergie éolienne, et donc les fossoyeurs de ce capital naturel, culturel et économique. 

Le silence assourdissant, sur cette question essentielle, des ministres de la Culture qui se sont succédés depuis l’élection de François Hollande en 2012, est stupéfiant ! Sauf à considérer que les paysages et les monuments de la France ne font pas partie de notre culture… 

Pourtant, selon la Convention européenne du paysage ratifiée par la France en 2006, « le paysage non seulement constitue une composante essentielle du bien-être individuel et social, mais il est aussi l’expression de la diversité du patrimoine naturel et culturel des populations, tout comme le fondement même de leur identité ». 

Récemment, Emmanuel Macron confiait, opportunément, à Stéphane Bern, une mission d’évaluation et de propositions visant à sauvegarder les monuments et les sites de la France. Mais, au même moment, Nicolas Hulot déployait son plan de prolifération des éoliennes terrestres et Jacques Ménard, ministre de la Cohésion des territoires, lançait sa loi « Elan », au terme de laquelle les maires pourraient s’affranchir de l’avis des architectes des bâtiments de France, derniers remparts contre la destruction du patrimoine bâti. 

Quand on présente l’objection que ces éoliennes ont pour effet d’altérer nos paysages, nos sites et nos monuments historiques, on se heurte à plusieurs types de réponses. 

La première est le déni. On vous fait valoir que les considérations de protection du paysage sont déjà prises en compte. Les promoteurs insistent sur le cadre réglementaire qu’ils estiment déjà très contraignant : la distance de cinq cents mètres entre une éolienne et les habitations, l’enquête publique, les avis des différentes administrations… 

Le deuxième type de réponse, c’est la reconnaissance partielle… En privé, certains, dans les cercles du pouvoir, ont l’honnêteté de ne pas nier l’impact des éoliennes sur les paysages, les sites et les monuments. Mais ils utilisent l’argument archi-usé de la résignation : « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs… » 

Toutes proportions gardées, c’est l’argument que l’un des auteurs de ce livre se voyait déjà opposer, quand, diplomate à Bangkok en 1977, il entendait des membres éminents du Quai d’Orsay et des personnalités politiques lui répondre, lorsqu’il les alertait sur le génocide qui se déroulait au Cambodge, à quelques kilomètres de là : « C’est logique, c’est une révolution. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. » Plus tard, un rescapé de ce génocide, Pin Yathay, a donné comme titre à son témoignage, L’Utopie meurtrière… 

Donc, puisque l’objectif prioritaire de la transition énergétique est de « sauver la planète », tant pis s’il doit y avoir quelques dégâts collatéraux… 

Cette indifférence à l’égard de nos paysages, de nos sites et monuments, bref de tout ce qui fait l’identité de la France, est une expression du cynisme et de l’inculture. 

Au nom de la modernité, nous avons déjà défiguré les abords de nos villes, truffés de zones commerciales certes utiles mais pour lesquelles aucun effort d’intégration n’a jamais été fait, contrairement à d’autres pays d’Europe, comme l’Angleterre. 

Et nous nous acheminons tranquillement vers un massacre du même type dans nos campagnes.

Extrait de  "Eoliennes : chronique d'un naufrage annoncé", de Pierre Dumont et Denis de Kergorlay, aux éditions François Bourin

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