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Le pétrole redevient un risque pour la croissance mondiale
©FRED TANNEAU / AFP

Atlantico Bourse

Les cours progressent depuis plusieurs semaines mais ont connu une nouvelle poussée suite au retrait américain de l’accord nucléaire et l’imposition de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Les prix du pétrole ont atteint leur plus haut niveau depuis 2014. Le WTI, référence pour les Américains, a largement dépassé le seuil symbolique des 70$. Les cours progressent depuis plusieurs semaines mais ont connu une nouvelle poussée suite au retrait américain de l’accord nucléaire et l’imposition de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran.

Les prix n’ont pas flambé car les opérateurs cherchent encore à analyser en détail les répercussions de la décision de D.Trump sur le marché du pétrole et les réponses que pourraient apporter les différentes parties prenantes. Strictement réduit à l’Iran, en imaginant un arrêt total des exportations, le risque est « gérable » et n’entraîne pas un déficit d’offre susceptible de déséquilibrer le marché et entraîner un nouveau choc pétrolier. L’Iran exporte environ 2.5 Millions de baril par jour soit 3% de la demande. Les Iraniens vont-ils pouvoir limiter les effets des sanctions à venir ?

Première solution : jouer la montre et espérer que D.Trump, comme il le fait souvent, revienne un peu en arrière après un gros coup de semonce. Le pari est risqué cette fois-ci, il est probable que le schéma de sanctions soit désormais enclenché. Deuxième solution : Espérer que les Européens parviennent à limiter les effets des sanctions. La volonté politique affichée par les dirigeants Européens permet un certain espoir mais le problème pour l’Iran est que dans le cadre des sanctions, les banques sont les plus attentives à respecter le système de sanctions et vont donc probablement agir pour interdire, ou presque, l’Iran d’investir en privant le pays de tous les accès aux financements. L’Iran va se retrouver, probablement, très rapidement dans une situation identique à celle des années 2000 et devrait souffrir d’un fort ralentissement économique.

Le marché du pétrole est-il menacé durablement par le retrait de l’Iran ? Pas vraiment en fait, l’Iran comme il l’a déjà fait devrait parvenir à contourner un peu l’embargo, mais surtout, l’Arabie Saoudite et ses voisins vont profiter de la situation actuelle pour augmenter leur production et « gagner » des parts de marché très lucratives vu le niveau atteint par les cours du pétrole.

L’impact de la hausse du pétrole, avec ou sans l’Iran, ne devrait plus tarder à se faire ressentir sur l’économie. Il est en effet assez difficile d’imaginer que l’économie mondiale puisse se maintenir sur un niveau de croissance supérieur à 4% avec un pétrole durablement au-dessus de 80$. Certains pays émergents ne produisant pas de pétrole sont déjà touchés et souffrent depuis quelques mois d’un coût trop élevé du baril. La consommation des ménages à l’échelle mondiale devrait aussi logiquement souffrir d’un pétrole cher…or il s’agit de la variable clé de la croissance pour de nombreux pays. Un prix trop élevé à la pompe cet été aurait également des conséquences sur les citoyens américains et peut-être incité D.Trump à éviter tout emballement des cours s’il ne veut pas perturber les élections de mi-mandat en novembre…

Sur les marchés actions, l’impact est pour le moment peu visible : en effet les valeurs liées au pétrole ont bien profité de la hausse du baril ; comme ces valeurs pèsent lourd dans les indices (à l’exemple de Total en France) ce rebond a masqué la relative faiblesse des autres valeurs. Les secteurs cycliques et les secteurs liés à la consommation des ménages vont voir leur Chiffre d’Affaires et leur marge être pénalisé par les tensions sur les cours du pétrole si elles perdurent.

Le niveau de 75$ pour le baril de WTI (environ 80$ sur le Brent de mer du Nord) sera donc à surveiller plus particulièrement cet été et devrait donner le ton sur les marchés actions.

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