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"La foi qui reste" : un témoignage de foi, sincère, profond, subtil, très actuel
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Atlanti-culture

Le dernier essai de Jean-Claude Guillebaud nous concerne tous, croyants ou pas, dans la mesure où il apporte un éclairage très intelligent sur la place de la foi religieuse dans notre société.

Jean-Noël  Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE
La foi qui reste

de Jean Claude Guillebaud

Ed. L'iconoclaste

242 pages

RECOMMANDATION

          EXCELLENT

THEME

Dix ans après avoir publié « Comment je suis redevenu chrétien », Jean Claude Guillebaud s’efforce d’expliciter sa foi, dans une France que l’on dit en voie de  déchristianisation. 

Comme Georges Bernanos, l’auteur déplore le cléricalisme « ratatiné » d’une Eglise qui, engluée dans son conservatisme, n’a pas su accompagner l’évolution des mœurs. Il relève, notamment, le désarroi des femmes.

Non sans souligner le rôle de l’humour dans la lutte contre les dogmatismes, dont le cléricalisme, Guillebaud pointe le rôle destructeur de « railleurs » qui usent de la résonnance des médias pour détricoter la religion. Cette entreprise bénéficie de la suffisance pharisienne de chrétiens qui, oubliant le message évangélique de solidarité et d’hospitalité, participent de la glissade accélérée vers le cynisme du chacun pour soi.

L’auteur ne doute pas que les bondieuseries encombrent d’autant plus notre pratique religieuse, que les mots évoluent moins vite que notre monde en transformation. Nonobstant, il affirme la modernité du christianisme : égalité des humains, liberté individuelle, héritée de saint Augustin, fondement des libertés de penser, de parler, de circuler. Celles-ci permettent de refuser le nihilisme ambiant qui tend à effacer tous débats politiques et philosophiques.

Dans sa foi, Jean Claude Guillebaud cherche des réponses aux vertiges contemporains. Il refuse le règne de la marchandise, qui induit le triomphe du combien sur le comment, l’opinion numérique et la gouvernance par le nombre. Il condamne, l’inclinaison vengeresse conduisant à désigner et à châtier un coupable, meurtre médiatique et mort sociale, qui contribue à la montée des extrémismes. Il rejette la tyrannie de l’immédiateté d’opérateurs de technologies prétendant effacer l’homme ordinaire au profit de l’homme augmenté, utopie du post humanisme, idéologie d’un monde sans Dieu. 

En conclusion Jean Claude Guillebaud rappelle que la vie décide, les raisons étant inventées à postériori. Il en va ainsi des courants divers qui, de tous temps, ont animé l’Eglise, sans mettre en cause l’existence de Dieu, qui ne relève pas de la connaissance mais de la croyance. Depuis plus de deux millénaires, celle du chrétien est fondée sur le message évangélique, le Verbe c’est fait chair, dont la transmission par la parole et l’exemplarité, a sans cesse fait renaitre le christianisme.

POINTS FORTS

Une réflexion sans pathos sur les interrogations d’un chrétien dans la France contemporaine en mutation.

POINTS FAIBLES

Je n’en ai pas trouvé.

EN DEUX MOTS

Permettez-moi un aveu personnel: la lecture de cet essai a éclairé certains de mes questionnements de chrétien peu clérical. J’y ai trouvé, notamment, la confirmation de mes inquiétudes face aux nouveaux apprentissages qui, privilégiant le visuel, appauvrissent le langage et ce faisant participe de la « déliaison » des sociétés.

UN EXTRAITS

Ou plutôt trois:

- Page 72.  « Lointain héritage du courant maurrassien, « le catholicisme athée » est toujours influent en France. » 

- Page 96.  « Ce sont les croyances faibles ou immatures qui engendrent mécaniquement l’intolérance. »

- Page 191 « L’institution cléricale est mal en point, mais le peuple chrétien lui ne l’est pas…La situation ressemble étrangement à ce qui se passe dans nos démocraties politiques : délabrement des institutions et des partis, mais vitalité des sociétés civiles. »

L’AUTEUR

Jean-Claude Guillebaud, est né à Alger le 21 mai 1944. Journaliste, grand reporter (prix Albert Londres en 1972), correspondant de guerre, éditorialiste (Sud-Ouest, Le Monde, Le Nouvel Observateur, La vie), éditeur (Le Seuil) et essayiste, il a publié près d’une trentaine d’essais. Homme engagé, il a, notamment, dirigé « Reporter sans frontière ».

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