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Vous avez dit que le Front national, ce n’est pas la France ! Mais savez-vous seulement ce qu’est la France, monsieur le Président ?
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Et revoilà l’anti-France…

A la suffisance de ses vœux, François Hollande a ajouté l’arrogance la plus méprisante. Il a commencé mal. Il finit très mal.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Front national est un parti dont la démagogie crasse n’est plus à démontrer. Un jour, il tape sur les Juifs (ça, c’était du temps de papa, et ça a duré longtemps…). Un autre jour, il cogne sur les Arabes (ça, c’était du temps de Marine). Un autre jour encore, il déclare que "l’islam est compatible avec la République" (ça, c’est maintenant, du temps de Marine bis). Un tel « programme » peut être combattu, critiqué, dénoncé. Je ne m’en suis jamais privé.

Mais vous, monsieur le Président, vous êtes allé dans vos vœux jusqu’à dire que "le Front national, ce n’est pas la France".  Certes, venant de vous, plus rien n’étonne. Mais quand même… Entendre dans la bouche d’un homme qui se prétend de gauche le refrain de l’anti-France qui fut pendant si longtemps la litanie obligée de notre extrême droite… L’anti-France, c’était Dreyfus et les dreyfusards. L’anti-France, c’était évidemment les Juifs vendus à l’Allemagne, à l’Amérique, à l’Union soviétique (suivant les périodes). L’anti-France, c’était le Front populaire. L’anti- France, c’était, sous Vichy, les résistants. Et "la France aux Français !", ça ne vous dit rien ?

Ah vous n’étiez pas né monsieur le Président ? Mais vous avez pu toutefois lire un peu ? Ah vous ne lisez pas trop ? Voyez-vous, monsieur le Président, avec le peu de respect que je vous dois, j’ai envie de vous demander : "mais qui êtes-vous pour décréter ce qui est et ce qui n’est pas la France" ? Et savez-vous ce qu’est la France ? J’en doute.

La France, c’est le sacre de Reims et la prise de la Bastille. La France, c’est Louis XVI guillotiné et Robespierre qui le fait guillotiner. Je peux continuer ? La France, c’est Zola et c’est Barrès. La France, c’est Jaurès et c’est Maurras. La France, c’est Jean Moulin et c’est Pierre Pucheu. La France, c’est le Juif George Mandel et l’antisémite Bernanos qui prend sa défense. La France, ce sont les Européennes éventrées à Orléansville par les assassins du FNL, et c’est aussi Jean-Marie Le Pen et la torture. Ah c’est trop compliqué pour vous ? Je comprends.

Mais vous me direz que je m’écarte du sujet. Et le Front national ? Le Front national, vous et les vôtres, vous l’avez patiemment fabriqué, pierre par pierre, jusqu’à ce qu’il devienne l’imposant édifice qu’il est aujourd’hui. Au départ,  c’était pour gêner la droite, une idée de génie de François Mitterrand qui en avait beaucoup du même genre. Et vous avez persévéré avec ces odes imbéciles à la préférence immigrée, avec du "vivre ensemble" ad nauseam. Avec "nos quartiers ont du talent". Et comme toujours, le réel a fini par se venger. Même si, pour se faire, il ne prend pas toujours le meilleur chemin.

Vous aurez pu dire, monsieur le Président,  que vous n’aimez pas la France telle que la dessine le parti de Marine Le Pen. On ne vous aurait alors pas cherché querelle. Mais vous avez éprouvé le besoin de faire plus, subjugué par la toute puissance de votre verbe enfin libéré. Il devient dès lors légitime de vous demander à vous quelle est votre France, celle que vous aimez. Celle que vous souhaitez.

Une France où dans certains quartiers de nos villes, une fille ne peut pas se promener en jupe sous peine d’être insultée ou violée ? Une France où des milliers de jeunes Français partent égorger en Syrie et en Irak ? Une France où pour certains, les policiers, les pompiers, les urgentistes sont des hommes à abattre ? Oui, la France c’est quoi pour vous ? Pierre Bergé et les LGBT ? Les derviches tourneurs de la Nuit debout ? Les intrépides combattants des ZAD ? Les amoureux des pistes cyclables ? Les faucheurs fanatisés d’OGM ? Les intermittents du spectacle ?

J’écoute chez moi une vielle chanson de Jean Ferrat,  Ma môme : "Ma môme ell’ joue pas les starlettes/ Ell’ met pas des lunettes / de soleil / Ell’ pos’ pas pour les magazines/ Ell’ travaille en usine / à Créteil".

Aujourd’hui, la môme de Jean Ferrat habite toujours Créteil. Non, elle ne bosse pas en usine. Elle porte la burqa et reste chez elle à la maison. Et sa photo tourne en boucle sur les sites où vont s’achalander les apprentis djihadistes. C’est ça la France que vous nous laissez monsieur le Président. Tout bien considéré, pensez-vous vraiment qu’elle vaut tellement mieux que celle du Front national ? 

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