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Objectif France : Rafik Smati, l’entrepreneur qui croyait qu’il saurait changer la France en lançant son parti
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Encore et encore

Incantatoire, dépourvue d'idées, la non campagne électorale de 2012 fut le déclencheur du mouvement politique d'Objectif France. Son but premier : que la France rayonne de nouveau à l'international en embarquant dans le train de la 3ème révolution industrielle, sur la base de projets structurants sur plusieurs années.

Rafik Smati

Rafik Smati

Rafik Smati est Président du parti politique Objectif France. Entrepreneur, Il a publié  « French Paradise » (juin 2014), « Révolution Y : la génération qui va redessiner l'Europe » (2013),  « Eloge de la vitesse : la revanche de la génération texto » (2011),  « Vers un capitalisme féminin » (2010).

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Atlantico : Objectif France, qu'est ce que c'est ? Pourquoi le mouvement est-il lancé maintenant ? Quels sont les idéaux que vous portez ?

Rafik Smati : Cela fait plusieurs années que je prends position sur les sujets politiques, notamment autour de la problématique européenne et de ce que serait une France qui rayonne sur le monde. Ces exercices m'ont permis d'affiner ma pensée, mais force est de constater que si cela vous apporte tribune, il ne vous est pas permis de faire bouger les lignes. Quand vous avez un tempérament d'entrepreneur comme c'est mon cas, cela est quelque peu frustrant. Il faut donc prendre le risque d'aller à la bataille, au sens politique du terme, afin de présenter aux Français - de la manière la plus vulgarisée qui soit - les idées qui sont les nôtres. Et de les porter à leur jugement.

L'élément déclencheur a été la campagne électorale de 2012 qui a été une élection présidentielle pour rien, alors même qu'elle était supposée nous offrir des projets structurants sur plusieurs années. Elle n'a été qu'incantatoire, dépourvue d'idées. L'envie m'a pris de passer à la vitesse supérieure.

Nous arrivons à une période charnière de l'histoire, où la France est à la croisée des chemins. Si les bonnes décisions sont arrêtées dès maintenant (et pour les cinq années à venir), rien n'est impossible. Je prédis même que les 50 années à venir pourraient être celles du progrès et de la renaissance. Reste toutefois à prendre ces bonnes décisions, sinon la France se précipite dans le mur. Les forces politiques en présence en 2017 laissent à penser que rien n'a changé sur l'échiquier politique français. Et je me refuse à ce que l'alternative soit incarnée par Marine Le Pen.

Notre mouvement est politique. Il se structurera sous forme de cercles géographiques et thématiques (par métiers). L'idée étant d'être en mesure de solliciter le territoire des projets identifiés : par exemple, la santé qui regroupera des experts identifiés, comme Pascal Picq, l'un des plus grands paléoanthropologues français. Mais aussi des professeurs de médecine, des économistes, etc. Le but est de réfléchir aux sujets de santé sous le prisme de la 3ème révolutiion industrielle.

Pourquoi Objectif France pourrait-il réussir là où les autres ont échoué ?

Il y a sentiment de défiance des Français à l'égard de la classe politique qui n'a jamais été aussi élevé. Seulement 4% des Français éprouvent encore du respect pour la classe politique selon le CEVIPOF, 3 Français sur 4 estiment que ces partis ne sont pas en phase avec les préoccupations du peuple et incapables d'apporter des réponses crédibles. L'atmosphère est quasi pré révolutionnaire, l'étincelle peut jaillir à tout moment et la situation s'embraser. Le PS et l'UMP sont en train de mourir, ils ont perdu leur âme ! Nous avons donc l'obligation de proposer une alternative tournée vers l'avenir. La France doit être ambitieuse, pas catastrophiste à la Marine Le Pen, qui porte je le rappelle le premier parti de France !

Chez Objectif France, nous partons du principe que le combat des idées est essentiel. Le chômage est la préoccupation principale des Français. Depuis 35 ans, tout a soit disant été testé pour lutter contre (interdiction des licenciements, RTT, alléger les charges sur les entreprises, emplois aidés, etc.). Le problème en réalité est posé par le politique qui aborde le chômage de manière strictement comptable et boutiquière. François Hollande nous a d'ailleurs annoncé 1 000 emplois supplémentaires pas plus tard que la semaine dernière. Mais ils ne voient pas que la robotique conjuguée à l'intelligence artificielle va supprimer la moitié des emplois ces 50 prochaines années (selon une enquête de l'université d'Oxford). Ces 10 prochaines années en France, 3,5 millions d'emplois vont être supprimés.

C'est une véritable bombe qu'il faut désamorcer. Et pourtant, les partis classiques sont toujours dans cette volonté absurde d'inversion de la courbe du chômage avec des petites mesures : en finir avec les 35 heures, alléger les charges des entreprises. L'approche d'Objectif France consiste véritablement à embarquer la France dans la 3ème révolution industrielle (biotechnologie, numérique, intelligence artificielle et robotique). L'enjeu est comparable à celui du milieu 19ème siècle, mieux, il est nécessaire puisque cette révolution industrielle est unique dans un millénaire. Elle fera date à l'échelle de l'humanité. La responsabilité du politique est donc de prendre de la distance, de sorte que la France prenne le train de la modernité en marche. Et nous en serons condamnés à en sortir par le haut. Celles et ceux qui préfèrent rester dans l'imposture en présentant trois mesures face au chômage appartiennent d'ores et déjà au passé.

Le cap de François Hollande, c'est la croissance. Mais la croissance n'est pas un but politique, c'est la résultante d'une politique dont le but doit être plus élevé et fédérateur. Objectif France entend donc remettre les choses en place. Quand vous dirigez une entreprise ou autre, le plus important, c'est le but poursuivi dans 10 ou 20 ans. De cela découle une stratégie, elle-même mise en place par une succession de tactiques. Or depuis 35 ans, la vie politique française présente une absence totale de but, une stratégie incertaine ou hasardeuse. Tout n'est plus que tactique.

Objectif France veut créer un projet autour d'un but élevé et fédérateur : accompagner la France dans cette 3ème révolution industrielle et en devenir le chef de file. Notre pays dispose de toutes les ressources nécessaires. J'en veux pour preuve que la France est le pays du G7 où se crée le plus grand nombre d'entreprises (plus qu'aux Etats-Unis). Certes, le nombre de défaillances est important mais il nous faut renouer avec le droit à l'échec, afin d'en tirer les leçons pour rebondir dans une approche progressiste. La France est également le troisième pays le plus innovant du monde après les Etats-Unis et le Japon. Une de nos grosses entreprises est classée dans le top 5 mondial. Notre potentiel est immense, il ne demande qu'à s'exprimer davantage, sur tous nos territoires ! Car la révolution industrielle est en germe sur nos territoires, et pas nécessairement à Paris, contrairement au pouvoir politique qui, lui, y est ancré. Il ne comprend pas le mouvement qui en marche.

Votre personnalité et pedigree font-ils de vous l'homme de la situation ? Celui à même d'impulser le mouvement nécessaire pour vaincre la sclérose française ?

Je ne me considère pas comme l'homme providentiel. Je ne suis pas un grand patron mais un patron de PME, encore actif dans mon entreprise et qui, par définition, a beaucoup plus à perdre qu'à gagner dans une telle aventure. Cet engagement est chronophage, compliqué mais nécessaire.

Faire de la politique, c'est être capable de porter des idées. Dans les appareils politiques traditionnels, le discours tenu, celui de la réunion pour travailler sur un programme, reste pour moi une énigme absolue. C'est une hérésie. En d'autres termes, ils n'ont pas d'idées, pas de programmes, mais un appareil politique - car c'est leur métier - pour se réunir et essayer d'avoir des idées.

Pour ma part, je veux mettre en mouvement toute ma démarche du penseur chef d'entreprise que je suis, et rassemblé autour des idées que j'ai pu faire émerger. A 39 ans, je fais partie d'une génération qui n'a connu que la crise. Une génération qui vivra moins bien que la génération de ses parents, et qui a pourtant un rôle de point de transmission essentiel entre la génération du baby boom qui tient une partie des rênes du pouvoir et la génération plus jeune, hyperconnectée, qui a un mode de pensée à l'opposé de la génération du baby boom.

Ma génération a plus que jamais un rôle à jouer pour limiter la casse. Et cela passe par le fait de reprendre le pouvoir.

Quelles propositions concrètes portez-vous ?

Chez Objectif France, nous avons une charte fondatrice qui est un embryon de programme avec des positions claires et arrêtées. La politique ce n'est pas mettre tout le monde d'accord. Les Français ont besoin de clarté dans les engagements.

Tout le monde se pose la question de notre positionnement sur l'échiquier politique. Mais notre logiciel de pensée n'est pas celui-ci. Sur certaines mesures comme l'impératif de réduction des dépenses publiques, nous sommes considérés comme de droite, idem pour la suppression de l'ISF qui selon nous envoie un signal ravageur à ceux qui veulent entreprendre et s'enrichir en France. En même temps, nous partons du principe qu'aucun enseignement n'a été tiré de la précédente crise financière, et que fatalement il y en aura une nouvelle. Nous pensons que le rôle de l'Etat en ce sens est de prendre le contrôle des banques et assurances, ce qui est plutôt considéré comme une idée de gauche. Dans la même veine, nous sommes pour la régulation du high frequency trading, qui permet d'acheter et revendre une action dans la même milliseconde, via des robots, et qui représentent aujourd'hui plus de 80% des transactions financières. Nous considérons cela comme une machine à broyer l'économie réelle. Encore une fois nous pourrions être catalogués comme de gauche.

Un autre sujet central pourrait nous cataloguer dans le camp des écologistes : l'enjeu énergétique. Ce dernier est selon nous au coeur de la 3ème révolution industrielle et doit être hérigé en enjeu national de premier plan. En 1961, John Fitzgerald Kennedy dit que les Etats-Unis enverront un homme sur la lune, il fixe un but fédérateur, alors que les Etats-Unis ne disposent pas alors de la technologie. Résultats, entreprises et pouvoirs publics ont travaillé main dans la main pour aboutir au résultat que l'on connaît aujourd'hui. Sur la question énergétique, il nous faut fournir aujourd'hui le même effort sur une courte période, probablement 10 ans. C'est le projet idéal qui pourrait permettre de faire travailler main dans la main centres de recherches, entreprises, collectivités locales et notre armée (pourquoi pas) sur une base fédératrice, porteuse qui ne se pose pas contre un autre modèle (pas anti nucléaire). Le but est de transformer notre façon de nous apprivisionner en énergie. Jeremy Rifkin prophétise en ce sens un internet de l'énergie, totalement décentralisé, avec le smart grid. La France doit être une terre de laboratoire et d'expérimentation de ce smart grid.

Pour conclure, nous ne sommes ni de droite ni de gauche. Et pas au centre ! Son problème d'ailleurs est sur une position intermédiaire sur tous les sujets. Mais ce n'est pas ce dont les Français ont besoin, il faut trancher. Et c'est là notre point de vue.

Dans un livre, "La France réconciliée", Jean-Christophe Fromantin dresse un réquisitoire contre un système à bout de souffle. Il propose ses solutions pour le réformer autour de trois axes : la famille "pour reconstruire un modèle social", l'entreprise "car c'est là où se crée la richesse", le territoire "vecteur d'efficacité et point de départ d'une réforme de l'État et des institutions". En définitive, qu'est-ce qui vous démarque du Maire de Neuilly ?

Le but d'Objectif France n'est pas de se démarquer de Jean-Christophe Fromantin, mais de proposer un projet et non un programme. La nuance est importante. Dans toute aventure humaine, trois mots dominent : but, stratégie et tactique. Le Maire de Neuilly se positionne dans une stratégie, et sa démarche est intéressante, même s'il me semble qu'il lui manque un but fédérateur. 

C'est tout l'embryon de notre projet : que la France embarque dans le train de la 3ème révolution industrielle. La différence réside donc dans la pérennité du projet. Les politiques ne peuvent être abordées selon un intérêt catégoriel, cela est trop réducteur. C'est là notre force, partir d'un but, développer une stratégie traduite en tactiques qui répondront aux enjeux de notre temps.

Dans 20 ans, le Français sera parlé par près d'un milliard d'êtres humains. Dans 20 ans, la France sera la première puissance économique d'Europe, puisque nous avons une démographie qui porte, contrairement aux Allemands. C'est là notre but : assurer le rayonnement de la France ! Il ne faut pas penser l'avenir de la France autrement, sinon le projet porté ne pourra que nous condamner.

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