Un différend franco-allemand menace de faire dérailler le programme Internet par satellite de l’UE<!-- --> | Atlantico.fr
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Le pas de tir de la fusée Ariane 6 en construction à Kourou, au Centre spatial européen en Guyane française. Mars 2020
Le pas de tir de la fusée Ariane 6 en construction à Kourou, au Centre spatial européen en Guyane française. Mars 2020
©JODY AMIET / AFP

Paris / Berlin

Des dépenses excessives de 5 milliards d'euros et des allégations selon lesquelles le projet favoriserait l'industrie française ont provoqué une guerre des mots entre Paris, Berlin et la Commission européenne.

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly est un journaliste irlandais travaillant pour The European Conservative à Bruxelles.

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Le vice-chancelier allemand Robert Habeck a suscité la controverse cette semaine après des révélations selon lesquelles il aurait supplié la Commission européenne d'abandonner les projets d'un nouveau système satellitaire quelques mois seulement avant son lancement officiel.

Estimant que sa propre industrie spatiale nationale était exclue, Habeck a écrit une lettre sévère à propos du projet de l'Union européenne « Infrastructure pour la résilience, l'interconnectivité et la sécurité par satellite » (IRIS2), commercialisé comme une alternative européenne au système Starlink d'Elon Musk et un tremplin clé pour « l’autonomie stratégique » de Bruxelles par rapport aux États-Unis, à la Chine et à la Russie.

Lancé par les États membres en 2022 et composé de jusqu'à 170 satellites terrestres, IRIS2 devrait devenir pleinement opérationnel en 2027. Il est conçu pour un usage à la fois commercial et militaire, alors que l'on craint que l'Europe ne soit dépassée par le secteur privé et puissances rivales dans une nouvelle course spatiale en plein essor. Les États membres de l’UE sont contraints de s’appuyer sur Starlink d’Elon Musk pendant le conflit actuel en Ukraine.

IRIS2 est une initiative conjointe de 12 milliards d'euros des deux agences spatiales de l'UE, l'Agence spatiale européenne et l'Agence européenne pour le programme spatial (EUSPA). Il vise à créer des moyens permettant aux agences militaires et de renseignement de communiquer en toute sécurité.

Dans sa lettre, Habeck déplore que la France se taille la part du lion dans les contrats pour les travaux. Un responsable anonyme de l'UE a minimisé les affirmations selon lesquelles le « lobbying industriel » truquait le processus d'appel d'offres au profit de Paris.

Le responsable a ensuite décrit la lettre de Habeck comme une « pure tactique de lobbying », avec des sociétés aérospatiales telles qu'Airbus, le français Thales et l'allemand OHB qui se battent toutes pour savoir qui recevra les contrats.

Se frayer un chemin vers les étoiles est depuis longtemps un objectif français au sein de l’UE. IRIS2 est un projet favori du commissaire français au marché intérieur, Thierry Breton, qui a évoqué la semaine dernière la possibilité que les eurocrates rédigent une nouvelle législation spatiale après les élections de juin. N'ont-ils pas suffisamment de pouvoir de régulation sur Terre ?

Malgré les ambitions de Bruxelles, l'UE est confrontée à des problèmes logistiques dans l'espace, notamment des retards dans son programme de fusée Ariane 6 et une dépendance antérieure à l'égard de la Russie rendue impossible par les sanctions.

S'il est lancé avec succès, IRIS2 constituera un pilier clé pour les gouvernements européens dans le domaine des opérations de renseignement et de gestion des catastrophes, capable de transporter des charges militaires, selon Breton lui-même, qui reconnaît ouvertement les objectifs militaires du système satellitaire.

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