Débat Bardella - Hayer : à armes très inégales<!-- --> | Atlantico.fr
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Jordan Bardella et Valérie Hayer ont participé à un débat sur BFMTV dans la soirée de jeudi.
Jordan Bardella et Valérie Hayer ont participé à un débat sur BFMTV dans la soirée de jeudi.
©MIGUEL MEDINA / AFP

Choc de campagne

Jordan Bardella et Valérie Hayer se sont affrontés lors d'un débat organisé jeudi soir sur BFMTV dans le cadre de la campagne des européennes.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Mettez face à face sur un plateau, celui de BFM en l’occurrence, d’un côté, un homme, Jordan Bardella, pas tout à fait trentenaire, déjà président de son parti, le Rassemblement National, tête de liste et en tête des intentions de vote pour les européennes, en campagne depuis le 1er septembre, et de l’autre, une trentenaire, Valérie Hayer, bonne élève de la Macronie au Parlement Européen, tout juste propulsée tête de liste de la coalition majoritaire pour le scrutin du 9 juin prochain, inconnue du grand public, en difficulté dans les sondages et peu rompue aux joutes verbales. Vous avez toutes chances d’assister à un combat à armes inégales. Ce fut le cas hier soir sur BFM. Mais c’était la règle du jeu.

Jordan Bardella, qui avait jusque-là refusé de participer aux premiers débats de la campagne organisés par les médias, a fait une entrée tonitruante, servi par le déroulé de l’émission qui a commencé par « les questions d’actualité », forcément nationales, lui permettant de centrer d’entrée son propos sur la thématique de l’immigration et l’insécurité. Valérie Hayer, nettement moins à l’aise dans la théâtralisation, au phrasé moins fluide, ne s’est pas laissée impressionner, et a marqué son ascendant sur les questions européennes, rappelant que les députés RN n’ont pas voté le plan de relance après la pandémie du COVID, s’efforçant de montrer à travers des exemples concrets que la vie des Français peut changer à travers le Parlement européen. Elle a mis son adversaire dans l’embarras lorsqu’elle l’a contraint à reconnaitre que Jean-Marie Le Pen a tenu des propos « éminemment antisémites ». Mais aujourd’hui Jean-Marie Le Pen est loin… Quant au vaste sujet de l’immigration et du pacte migratoirevoté par le Parlement Européen, (- sans les voix RN),sans être spécialiste de la question, le téléspectateura compris que la solution de l’enregistrement des demandeurs d’asile dans leur pays d’origine était aussi difficilement applicable que le projet de "zéro immigration" du Rassemblement National et que la bonne solution pour lutter contre l’immigrationmassiverestait à trouver.

Restait le grand sujet de discorde européen, l’Ukraine. « Pourquoi n’êtes-vous jamais allé en Ukraine ? » a interpelé Valérie Hayer, rappelant que les députés RN n’ont jamais voté les motions de soutien à l’Ukraine et qu’il a fallu la mort de l’opposantrusse Navalnypour que le RNs’associe à un texte condamnant la Russie ; auparavant ils avaient refusé de condamner ses conditions de détention. Jordan Bardella a répliqué « instrumentalisation de la guerre », et accusé ses adversaires « de faire joujou, de faire mumuse au Parlement en votant des résolutions qui ne sont que symboliques » etdit son refus « d’aller se faire prendre en photo » là-bas… L’émission devait se terminer par une « carte blanche » donnée à chaque candidat : Valérie Hayer a brandi une photo d’un groupe de dirigeants européens d’extrême-droite auxquels s’était joint Jordan Bardella, et dont certains se sont illustrés par des positions très hostiles à l’avortement et à l’égalité femmes-hommes : «  vous n’avez pas honte ? » l’a-t-elle interpelé. Dans ce que l’on pourrait qualifier de « reprise de volée magistrale », son adversaire lui a répliqué que le groupe Renew (- les députés marconistes français), a voté pour Roberta Metsola à la présidence du Parlement Européen, alors que l’élue maltaise ne cache pas sa réticence pour l’interruption volontaire de grossesse. Dès lors les arguments de Valérie Hayer tombaient à plat… Conclusion : Jordan Bardella a montré qu’il ne manque ni de répartie ni de connaissances en matière européenne. Il fait preuve d’une grande assurance qui pourrait le desservir, notamment lorsqu’il affiche un air exaspéré lorsque sa concurrente cherche des chiffres dans ses fiches. Quant à Valérie Hayer, ses débuts sont laborieux… Mais la campagne n’en est qu’à ses débuts… la composition des listes n’est pas encore connue… au final, ce n’est pas la tête de liste que les électeurs jugeront, mais Emmanuel Macron… qui ne restera pas inactif dans cette campagne.

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