Ce délicat (mais sérieux) problème d’odeur auxquels sont confrontés les pays ayant légalisé le cannabis<!-- --> | Atlantico.fr
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L'odeur très particulière du cannabis est devenue un véritable problème de qualité de vie dans les villes ou la consommation est légalisée
L'odeur très particulière du cannabis est devenue un véritable problème de qualité de vie dans les villes ou la consommation est légalisée
©GUILLEM SARTORIO / AFP

Odeur caractéristique

L'odeur très particulière du cannabis est devenue un véritable problème de qualité de vie dans les villes ou la consommation est légalisée.

Johannes Frasnelli

Johannes Frasnelli

Professeur au Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur en neuropsychologie spécialiste du système olfactif.

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Atlantico : L’odeur du cannabis provoque des tensions de plus en plus fortes entre voisins, aux États-Unis, comme ailleurs. Quel est l’impact réel de l’odeur sur la santé des uns et des autres ?

Johannes Frasnelli : Principalement, il faut faire une distinction entre des odeurs en général et l'odeur de la fumée d'herbe en particulier. La fumée d'herbe contient des substances psychoactives. C'est pour ça que les consommateurs l'utilisent. Mais la concentration de ces substances n'est pas assez forte dans la fumée secondaire pour avoir vraiment des effets pharmacologiques sur celui qui inhale ça de façon secondaire. Donc du point de vue pharmacologique, il n'y a pas réellement d'impact. 

L'impact est plutôt au niveau de la perception olfactive. Et là, l'odeur de la fumée d'herbe revient un petit peu. On peut poser la question de façon générale. Est-ce qu'une odeur est agréable ou désagréable ? Il y a différents facteurs qui déterminent ça. C'est une fois l'identité de la substance, la concentration de la substance, l'attente que nous avons envers l'odeur et l'expérience antérieure. Et là, évidemment, il peut y avoir de très grandes différences entre les personnes. Il peut y avoir des gens qui trouvent cette odeur agréable et d'autres qui trouvent cette odeur désagréable. Et surtout, lorsqu'on la trouve désagréable et qu’on est exposé de façon intermittente, on peut devenir relativement sensible à cette odeur-là et trouver ça désagréable, même très désagréable et être très dérangé par cette odeur-là. Ça, secondairement, peut créer du stress. Mais ce n'est pas un impact direct de l'odeur sur le stress, mais plutôt un impact indirect. 

Les autorités ont-elles des moyens de faire face à ces phénomènes sur le plan sanitaire ?

Il n'y a pas d'études ou de données probantes qui montrent des effets directs des odeurs sur le stress. Mais je pense que c'est un petit peu similaire au bruit. Il y a 50 ans, on ne parlait pas de l'effet du bruit sur notre corps. Maintenant, aujourd'hui, nous savons que le bruit a des effets sur notre direct sur notre corps et génère du stress. Donc je peux m'imaginer qu'à un moment donné, on va trouver des choses semblables pour l'odorat, mais on n'a pas ça.

Mais quand même, il y a des limites que l'on peut mettre comme avec la fumée du tabac, on peut aussi interdire la fumée de l'herbe mais ça dépend évidemment de la jurisprudence. 

Pourquoi les individus sont-ils plus rétifs à l’odeur du cannabis tandis que les fumées de diesel, les gaz d’échappement des voitures et la pollution industrielle sont plus dangereux pour la santé ? Pensez-vous que cela est avant tout psychologique ? 

Très clairement oui. Je pense qu'il y a aussi des très grandes influences de la culture. Le cannabis a été très longtemps interdit. C'est une odeur qui est très liée à quelque chose qui était à un moment donné interdit, prohibé. Donc il y a une réticence envers ces odeurs-là, probablement politiquement parlant, on est contre la permission de fumer le cannabis, donc encore, on peut être plus dérangé. Mais avant tout, l'odeur comme telle n'est pas dangereuse, tandis que d'autres odeurs peuvent nous avertir des substances dangereuses dans la fumée, par exemple le tabac, mais c'est vraiment une question d'habituation. Moi qui vit en Amérique du Nord depuis très longtemps, quand je vais en Europe, en France notamment, je trouve qu'il y a beaucoup fumé du tabac, c'est très dérangeant, ça m'énerve, mais il y a beaucoup plus de gens qui fument en France qu'ici au Québec. C’est probablement psychologique aussi, mais je pense qu'on peut s'habituer à toute odeur, et s'il y a de plus en plus de gens qui fument du cannabis, on va commencer à s'habituer aussi. Par ailleurs, l'utilisation du cannabis est permise ici au Québec, et les données montrent qu'il n'y a pas une augmentation de la consommation totale, donc probablement, il ne faut pas trop s'énerver, il ne va pas y avoir de fumeurs partout tout le temps.

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