Le racisme « tout court » est-il soluble dans le racisme « systémique » ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Tensions entre migrants subsahariens et jeunes Marocains à Casablanca
Tensions entre migrants subsahariens et jeunes Marocains à Casablanca
©FADEL SENNA / AFP

Zone Franche

Il n’y a pas à tortiller du popotin, « sale blanc », quel que soit le contexte, c’est une injure raciste.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Inutile de me suggérer de m’auto-éduquer en m’envoyant lire du Rokhaya Diallo ou du Robin DiAngelo, j’ai parfaitement compris ce qu’était le « racisme systémique ».

Mieux encore, j’adhère globalement à ce concept d’un racisme qui, sans avoir jamais été institutionnel au sens où l’étaient l’apartheid sud-africain et la ségrégation étasunienne, c’est à dire inscrit dans la loi, viendrait régulièrement jouer les grains de sable dans les rouages d’une vie de noir ou d’« arabe » en France.

Chercher du boulot, trouver un appart, aller faire un tour en boîte le samedi soir ou même simplement pousser son chariot dans un supermarché sous le regard suspicieux de vigiles pré-formatés, quand on n’est ni de la bonne couleur ni équipé du bon patronyme, ça n’est pas toujours un chemin de roses. Des dizaines de « testings » objectifs le démontrent et le nier est complètement con.

Mais cette nouvelle idée woke qui ferait du racisme, officiel ou juste insidieux, un monopole des « blancs », lesquels seraient les seuls à avoir développé, pour des raisons historiques, culturelles, religieuses et sociales, une incapacité à voir dans l’autre un semblable, l’est tout autant...

Le racisme, la xénophobie, l’intolérance, l’ignorance, le chauvinisme radical, sont au contraire parfaitement universels : au Maghreb, on crache sur les migrants subsahariens comme le premier Zemmour venu ; au Sénégal, on découpe les albinos en morceaux ; au Rwanda, on génocide les Tutsis ; au Japon, on ghettoïse les Coréens ; en Chine, on balance les Ouïghours dans des camps de travail forcé

Une évidence ? Un enfoncement de porte ouverte ? Eh bien non. Plus maintenant. 

Car prenez l’histoire d’Adja Traoré, cette activiste antiraciste qu’il conviendrait d’encenser depuis 48 heures parce qu’elle aurait eu l’à-propos, en voyant passer un cortège de nazis, de les traiter de « sales blancs de merde », démontrant d’ailleurs davantage sa communauté de pensée avec les tondus que sa propre colour blindness

Où encore celle de cette journaliste qui, allergique à la laïcité dans le foot, s’est retrouvée transformée en « victime de la fachosphère » par les usual suspects après avoir décrit la France comme un « pays de racistes dégénérés »…

Et bien sûr cette cohorte de faits divers, où les « sale blanc », « sale gwer », « kouffar », « face de craie » fusent désormais avec autant d’enthousiasme que ces « bougnoules » et autres « négros » pourtant plus prestement dénoncés...

Mais parce que l’expression de ce racisme-là ne serait pas « structurelle », c’est à dire adossée à un système complexe ou héritée du colonialisme, elle ne correspondrait plus à la définition traditionnelle d’une « idéologie postulant une hiérarchie entre les races » ou d’une « hostilité de principe à l’égard d’un groupe humain ». 

Non, ce racisme « inversé » serait uniquement réactif, profondément naïf, et même, pourquoi pas, défensif. Une réponse désespérée du faible au fort qui ne serait pas, à l’inverse du racisme des blancs —le vrai, le seul, l’authentique— adossée à un « corpus intellectuel », le Dupont Lajoie de base étant généralement, comme chacun sait, titulaire d’un doctorat en racistologie comparée.

A la réflexion, je me demande si elle n’est pas peu raciste, finalement, cette nouvelle définition du racisme...

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